Au Burkina, les arrestations se poursuivent dans les rangs du CDP, l’ancien parti au pouvoir, mais aussi parmi les proches de Djibril Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré. Trois de ses proches étaient encore en garde à vue, mercredi. Trois anciens ministres de Blaise Compaoré sont toujours aux arrêts également depuis lundi. Un ancien Premier ministre a aussi été interpellé pendant plusieurs heures hier avant d’être relâché.
La plupart des personnes interpellées depuis lundi sont toujours en garde à vue. C’est le cas de l’ancien maire de Ouagadougou, mais aussi de trois anciens ministres de Blaise Compaoré, Salif Kaboré, Jean Bertin Ouédraogo et Jérôme Bougouma. L’avocat de ce dernier a tenté de le voir hier, mercredi, en vain. D’après ses informations, ordre a été donné qu’il ne reçoive aucune visite.
Maître Salambere s’interroge toujours sur la démarche qui anime les autorités : « Apparemment, ce ne sont pas des poursuites qui proviennent du parquet normal, et donc nous ne comprenons pas, étant dans un Etat de droit, comment le parquet peut être en marge d’une telle procédure et comment les droits de la défense peuvent être violés. Sommes-nous dans un état de droit ? »
Des anciens ministres accusés de malversations
Quant aux raisons de ces arrestations : Salif Kaboré ex-ministre des Mines et de l’énergie est interpellé pour malversations et mauvaise gestion présumées à la société nationale d’électricité. Il lui est reproché l’octroi illicite de permis d’exploitation des mines et l’exploitation illicite de sites miniers. En plus des surfacturations présumées sur l’achat du matériel pour son ministère, Jérôme Bougouma, ex-ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité a été interpellé pour avoir réquisitionné l’hôtel qui a hébergé les députés de l’ancienne majorité avant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Quant à Jean Bertin Ouedraogo, ancien ministre des Infrastructures et des transports, il est accusé de surfacturations et de malversations présumées dans l’exécution des marchés de travaux publics.
Ces interpellations interviennent plus de 5 mois après le début du processus de transition. Selon le gouvernement, ces personnes seront auditionnées afin de rassembler les preuves et les conduire devant le procureur du Faso. Pour le président du mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples, il faut faire attention pour éviter une chasse aux sorcières. « Cette présomption de culpabilité doit s’appuyer sur une justice équitable. Nous attendons donc la prochaine étape qui doit être un jugement normal », affirme Chrisogone Zougmoré.
Ces interpellations sont politiques, assure-t-on pourtant du coté du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti de Blaise Compaoré. Mercredi, la police judiciaire a entendu pendant plus de deux heures l’ancien président du Conseil économique et social et ancien Premier ministre Ernest Paramanga Yonli. Mais il a finalement été relâché après avoir été auditionné.
D’autres interpellations sont en cours. Il s’agit d’anciens maires, accusés de malversations présumées dans la gestion des lotissements.
Source: rfi.fr