« Le siège du journal a bien été mis sous scellés vendredi matin par le service des impôts », a indiqué à l’AFP le directeur de publication du bimensuel d’investigation, Atiana Serge Oulon.
« Il est difficile de ne pas faire le lien entre le travail de ce journal d’investigation et sa fermeture manu-militari par les impôts », a regretté la SEP dans un communiqué dimanche.
« L’instrumentalisation du fisc et des services publics en général pour faire taire les voix discordantes ou pour mettre au pas les empêcheurs de tourner en rond est une entreprise dangereuse et contreproductive dont il faut se départir », poursuit la SEP.
Le Burkina Faso est dirigé depuis septembre par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch, le deuxième en un an.
Fin mars, le gouvernement de transition avait assuré rester « fondamentalement attaché » à la liberté d’expression, quelques jours après la suspension de la diffusion de la chaîne France 24.
Début avril, les correspondantes des quotidiens français du Monde et de Libération avaient été expulsées du Burkina.
Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l’Etat islamique et Al-Qaïda, qui ont fait en tout 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
Selon un rapport de Reporters sans Frontières (RSF) paru en avril, la bande sahélienne dont fait notamment partie le Burkina est menacée de devenir « la plus grande zone de non-information de l’Afrique ».
La presse locale et internationale fait face à une « dégradation constante » de ses conditions de travail depuis dix ans, dit le rapport couvrant le Burkina, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, mais aussi le nord du Bénin, confronté à des défis sécuritaires similaires.