Les douanes maliennes se distinguent de plus de plus dans la lutte contre la fraude notamment en ce qui concerne la protection des espèces protégées menacées de disparition par la Convention de Washington. Pour cause, une saisie de près de 90 kg d’écailles de pangolin vient d’être opérée par le bureau des Douanes de l’escale de l’Aéroport Sénou le 12 Décembre 2013. Le contenu des trois valises a été détecté aux rayons X par des agents en poste. La marchandise transportée par un de nos compatriotes, travaillant au compte d’un asiatique, provient du Cameroun via la Côte d’Ivoire.
Le Bureau des Douanes de l’Aéroport Sénou dirigé par le LT-col Abdou Maiga vient, à travers la Brigade de l’Escale dirigée, elle, par l’Inspecteur des douanes, le capitaine Fadimata A. Touré, d’opérer un coup spectaculaire de saisie massive d’écailles de pangolin, une espèce menacée et protégée par la Convention de Washington connue sous le nom de Cites. Au total, trois valises saisies dans la soirée du dimanche 15 au lundi 16 décembre 2013 font près de 90 Kg. Le nombre de pangolins abattus pour obtenir une telle quantité est extrêmement élevé. Les expertises en cours permettront de déterminer le nombre exact de pangolins abattus.
Le commerce du pangolin est interdit depuis 2000 par le droit international. Mais la viande et les supposées vertus médicinales de cet insectivore, seul mammifère pourvu d’écailles, en font l’une des espèces les plus recherchées par les trafiquants en Asie. On lui attribue ainsi des pouvoirs pour guérir des maladies (comme l’asthme et certains cancers) ou pour augmenter la virilité masculine. L’animal est si recherché qu’un spécimen peut être vendu jusqu’à 1 000 dollars au marché noir.
Résultat: deux des quatre espèces asiatiques sont « en danger » (le pangolin javanais et le pangolin de (Chine), tandis que les deux autres sont « quasi menacées », selon l’Union internationale pour la préservation de la nature (lUCN). Deux des quatre espèces africaines sont aussi « quasi menacées ». A l’échelle mondiale, le nombre de spécimens vivants est inconnu. Les experts préviennent que leur disparition modifiera l’écosystème des forêts tropicales, en augmentant les populations de fourmis et de termites.
Ce marché noir, en grande partie centré sur l’Asie orientale, dévore aussi des tigres, requins, tortues, serpents et d’autres animaux par centaines. Estimé à 18 milliards de dollars chaque année, ce commerce florissant capte régulièrement l’attention des médias mondiaux, en particulier en ce moment. Alors que doit s’ouvrir, lundi 3 mars à Bangkok, la l6e session de la conférence des Parties à la Cites (Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction). Mais l’une des plus grandes victimes, parmi les mammifères, de ce braconnage est une espèce méconnue: le pangolin, un étrange petit fourmilier à écailles.
Malgré cette protection, le braconnage de cette espèce explose: début janvier, quatre ressortissants chinois ont été arrêtés avec 188 peaux de pangolins dans leurs bagages à Jakarta. En novembre, octobre et avril les douanes françaises ont saisi plusieurs dizaines de kilos d’écailles à l’aéroport de Roissy. Un record de 7,5 tonnes de viande de pangolin avait aussi été découvert dans un port de Jakarta en mai 2011. Cachée sous du poisson congelé dans des caisses destinées au Vietnam. Et de nombreuses autres saisies ont été faites en Thaïlande, au Cambodge, en Inde, en Malaisie, en Birmanie ou au Vietnam.
« Depuis 2000, un minimum de plusieurs dizaines de milliers d’animaux ont été vendus chaque année, dans des pays allant du Pakistan à l’Indonésie en Asie et du Zimbabwe à la Guinée en Afrique », assure Dan CHALLENGER, un chercheur qui étudie le commerce des pangolins, cité dans un excellent article du site Mongabay. En 2010, l’organisation de protection des espèces avait publié un rapport estimant qu’un syndicat du crime malais avait capturé 22 000 pangolins de plus de 18 mois.
En 2011, entre 40 000 et 60 000 bêtes n’auraient aussi été capturées rien qu’au Vietnam. S’ils sont souvent transportés vivants pour faciliter la conservation de la viande, beaucoup meurent en chemin, de faim ou de soif. De plus, les trafiquants leur injectent souvent de l’eau pour augmenter leur poids. Comme pour les éléphants, rhinocéros ou tigres, les lois et amendes sont insuffisantes pour dissuader ce trafic. Et le peu de visibilité de l’espèce aide à le maintenir dissimulé.
A travers plusieurs autres saisies du genre, la Direction générale des Douanes viennent de prouver sa détermination à faire échec à tout commerce illicite d’espèces animale et végétale protégées par la convention de Washington (Cites) ou encore tout produit dérivé. C’est justement dans ce cadre que le même bureau a saisi il y a justement quelques semaines une grosse quantité de colliers et de bracelets polis en ivoire d’éléphants.
Par cette occasion, les Douanes maliennes invitent les voyageurs à mieux s’informer sur la nature des produits dont ils font le commerce. Aussi, les services des Douanes lancent un appel à la collaboration des populations afin de démasquer et de punir toute forme de commerce illicite sur le territoire.
Moulaye HAIDARA
SOURCE: L’Indépendant