Depuis la sortie médiatique du président du Haut Conseil Islamique, les rapports entre la religion et la politique se discutent, les plus téméraires donnaient leurs avis et beaucoup critiquaient en cachette. La sensibilité de la question obligeait beaucoup à se taire. Aujourd’hui, il est aisé de comprendre qu’il y a eu un avant et un après intervention de Mahamoud Dicko. Bravo à l’imam pour avoir mis en débat la question de l’imam politique dans un pays où est confondu laïcité et athéisme par nombre de citoyens.
Les accointances supposées ou réelles entre les responsables religieux et le personnel politique ne pouvaient qu’inquiéter les observateurs. Aux élections présidentielles et législatives de 2013, certains responsables religieux ont fortement influencé le choix des maliens. Dans les mosquées, des consignes furent donné, guidant le choix des maliens.
Avant ces consultations, les responsables musulmans avaient contraint le régime du Général ATT à revenir sur le code de la famille. C’est lors d’un meeting de grande envergure au stade du 26 mars que le Haut Conseil Islamique avait ébranlé la classe politique. En dehors des Aigles du Mali, seul le monde islamique pouvait réussir une telle mobilisation.
Sous la transition, le Haut Conseil Islamique est arrivé à réussir le premier maintien du Premier Ministre de plein pouvoir, Cheick Modibo Diarra, lors d’un autre meeting. Intimant au président de la transition, Dioncounda Traoré de travailler avec le Premier Ministre.
Les maliens, profondément croyants se mettent à l’écoute des leaders spirituels, qui influent souvent leurs choix lors des échéances électorales . Les imams et autres prêcheurs nous dictent le candidat idéal à l’avant-veille des consultations électorales, généralement le vendredi qui précède le jour de la consultation. Jamais de problème, seul le leader An çar dine Ousmane Cherif Madani Haidara décria du bout des lèvres l’intrusion des religieux sur le terrain politique.
Et la prise d’otage du Radisson Blu arriva, la sortie du président du Haut Conseil Islamique tomba comme un cheveu dans la soupe. En clair, Mahamoud Dicko estima que c’est la colère de dieu qui expliquerait de telle situation. L’homme de dieu sait peut être ce qu’il dit. La réalité pourrait être autre.
Cet avis a permis à certains maliens de remettre au gout du jour, ce qui manque à la laïcité et à la république du Mali. Un débat sur les religions et singulièrement l’islam. Beaucoup de nos leaders religieux ou prêcheurs brillent par leur ignorance de la tolérance ou des règles élémentaires de l’islam. Cette religion bannit l’ignorance, ce qui amène certains traducteurs à faire de certains non croyants des ignorants. Le problème fondamental de l’islam malien est que tout le monde s’improvise prêcheur. Nous induisant très souvent en erreur. Ce sont eux qui assurent la promotion de l’intolérance. Malgré le fait qu’un ministère plein ait été érigé, rien , absolument rien ne se fait dans le domaine religieux. Le titulaire de ce département joue bien son rôle, porter le message du Président El Hadj Ibrahim Boubacar Keita aux communautés religieuses. Et communiqué sur les dates des fêtes musulmanes. L’islam malien a besoin d’une codification afin d’éviter certains errements. Ailleurs, ne prêche pas qui veut.
La Démocratie Républicaine qui gouverne la laïcité et le vivre ensemble harmonieux, est mise en mal par notre ignorance collective. Merci à ceux qui relancent le débat sur la religion musulmane pour la compréhension de la majorité des maliens
Pays fortement islamisé, le Mali a banni de son paysage politique les partis dont la base serait la religion. Ce qui met hors jeu certains leaders religieux en manque de popularité. Une intrusion du religieux ou des leaders religieux sur la scène politique ne serait pas le souhait partagé par beaucoup de maliens. D’ailleurs, cela semblerait contraire pour certains aux lois et principes de la république. Musulman, on nous a appris que dieu est amour et surtout tolérance, est-ce qu’il ne serait pas bon pour vous de prendre votre distance vis-à-vis de l’échiquier politique actuel ?
Par MLSIDIBE
source : Bamada.net
