Dans la cité des trois caïmans, les populations ne dorment plus que d’un œil à cause de l’insécurité qui a atteint des dimensions considérables et inquiétantes. Dans la quasi-totalité des quartiers, la mafia de redoutables gangs s’est confortablement installée au point où certains citoyens se posent la question de savoir ce que font les forces de sécurité pour faire face à la situation qui risque de s’amplifier.
Sont-elles au courant de tous ces braquages, viols, vols à main armée, escroqueries et assassinats au quotidien aussi bien le jour comme la nuit ?
La liste des personnes qui en sont victimes s’allonge inexorablement.
Il n’est pas rare de voir aujourd’hui à Bamako des bandits se promener avec des machettes, des fusils de fabrication artisanale et même des pistolets mitrailleurs et autre arsenal de combat.
A l’aide de ces armes, ils attaquent les conducteurs de moto (Djakarta de préférence) et les dépouillent de leurs biens. Les infortunées populations sont totalement déboussolées et exaspérées par le phénomène et ne cachent pas leurs courroux aux autorités sécuritaires qui restent incapables de circonscrire le fléau qui gagne du terrain.
Pourtant les structures en charge de la protection des personnes et de leurs biens qui sont censées être opérationnelles existent. Il s’agit du Groupement Mobile de Sécurité (GMS), du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Mobile (GIGM), de la Brigade Spéciale d’Intervention de la police (BSI) et que sais-je encore qui ont reçu la formation nécessaire pour ce genre d’opération.
Les agents qui y travaillent sont-ils en nombre suffisant pour sécuriser toute la capitale qui s’étale à longueur de journée avec la prolifération sauvage des quartiers spontanés ? En tous cas les populations sont sans cesse exposées aux agissements criminels de ces bandits sans foi ni loi qui opèrent en toute confiance.
Nous avons réussi à glaner des informations au niveau du CHU Gabriel Touré, de l’hôpital du Mali et celui du point G selon lesquelles ces structures sanitaires peuvent recevoir en une semaine plus d’une dizaine de blessés par balles à cause des braquages à répétition.
Ces insatiables malfrats en bandes organisées n’hésitent pas à escalader les murs des domiciles privés pour défoncer les portes et s’accaparer des biens d’autrui acquis de haute lutte et au prix d’énormes sacrifices.
Les cambriolages sont monnaies courantes devant les services publics, les magasins et les marchés de jour comme de nuit au nez et à la barbe des forces de l’ordre.
Toute forme de résistance aux attaques répétées de ces gredins est sanctionnée par des tirs à bout portant occasionnant mort d’homme.
Pour beaucoup de jeunes bamakois, se promener la nuit et même dans la journée dans certaines communes ne signifierait ni plus ni moins qu’aller au rendez-vous de la mort.
Un micro-trottoir sur l’insécurité à Bamako nous a permis de recueillir les réactions suivantes :
La porosité de nos frontières a largement favorisé l’entrée frauduleuse des armes de toutes sortes dans notre pays. Certains groupes criminels en ont profité.
La pauvreté extrême, le manque cruel d’emplois pour les jeunes, le chômage chronique, la consommation abusive de l’alcool et de la drogue seraient les causes de ce banditisme rampant auquel tout le monde est exposé.
Qui ne se rappelle pas le braquage du siècle, perpétré le jeudi 27 Octobre 2016 exactement à près de 300 mètres du siège d’Ecobank en face du bâtiment contigu (INPS) soit dans un périmètre de moins d’un kilomètre d’un camp militaire et d’une dizaine de structures étatiques.
Trois individus armés descendirent d’une Toyota aux environs de 12H42 pour tirer froidement sur un client qui est sorti de la banque citée plus haut avec un sac contenant 25 millions de francs CFA.
Des complicités existeraient entre agents des banques et les malfrats par personnes interposées.
Cet exemple parmi tant d’autres démontre à suffisance qu’il est urgent d’apporter des réponses de taille au problème criard de l’insécurité à Bamako.
Bamako rive droite et rive gauche, aucun quartier n’est épargné. Les ponts, les auto-gares seraient prisés par les bandits pour opérer avec un sang-froid hors pair. Les embuscades sont régulièrement tendues aux véhicules de transport interurbains.
Pour éradiquer le phénomène, il est impératif d’instaurer une collaboration sincère entre forces de l’ordre et population.
Il faut doter les agents de moyens adéquats et suffisants pour traquer les malfrats où qu’ils se trouvent en multipliant les patrouilles diurnes et nocturnes.
Les populations régulièrement victimes de ces bandits de grand chemin ne savent plus à quel saint se vouer. Ils disent s’en remettre à Dieu qu’elles prient pour les protéger de ces canailles impitoyables.
Prosper Ky
Source : La Révélation