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Bousculade de La Mecque : Mina, l’hécatombe malienne

Au vu des statistiques provisoires actuellement disponibles – au moins 70 morts -, le Mali semble avoir payé l’un des plus lourds tributs à la bousculade meurtrière de Mina parmi les pays africains. Dédia Samaké est toujours à la recherche de sa sœur disparue. Témoignage.

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Depuis le 24 septembre, sa vie est suspendue. Entre échanges d’informations sur Facebook et appels vers l’Arabie Saoudite, via Viber, Dédia Samaké cherche désespérément des nouvelles de sa sœur Aminata, partie en pèlerinage à La Mecque avec une agence privée. “Je ne parviens même plus à réfléchir », confie la quadragénaire, revenue s’installer au Mali en mars, après avoir vécu au Maroc puis au Sénégal.

“Ce soir-là, au journal télévisé, j’ai appris le drame survenu à Mina.” Aussitôt, elle tente de joindre sa sœur aînée. “Ça sonnait mais elle ne répondait pas. J’ai appris par la suite qu’elle avait laissé ses deux téléphones portables dans sa valise.” L’angoisse monte d’un cran. “J’ai appelé son mari et ses filles, dans la région de Kayes. Mais personne n’avait de ses nouvelles.” Le lendemain, Dédia se tourne vers l’agence de voyage qui a convoyé sa sœur. “Ils ont seulement pu me dire qu’elle ne faisait pas partie des personnes décédées déjà identifiées. Ils nous ont communiqué les coordonnées d’une de ses camarades de chambre, mais elle aussi reste introuvable.”

Contrairement au Sénégal, où une cellule de crise, dotée d’un numéro vert, a été mise au service des familles par le gouvernement, les Maliens restent sans nouvelles de leurs proches.

Les jours suivants, Dédia harcèle les autorités maliennes susceptibles de la rassurer : “J’ai parlé au ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Diallo, au ministre de l’Information, Choguel Maïga, ou encore au président du Haut-Conseil des Maliens de l’étranger, Habib Sylla. Ils n’ont rien pu me dire, si ce n’est qu’il fallait attendre l’identification des corps.” Contrairement au Sénégal, où une cellule de crise, dotée d’un numéro vert, a été mise au service des familles par le ministère des Affaires étrangères, les Maliens restent sans nouvelles de leurs proches. “On m’a seulement communiqué un numéro vert, très dur à joindre, où les interlocuteurs ne répondent qu’en arabe.”

Faute de soutien officiel, les proches s’organisent. Via Facebook ou le téléphone arabe, les familles demeurées sans nouvelles se rapprochent, échangent messages et photos sur Facebook, et comptent sur le dévouement des ressortissants maliens en Arabie Saoudite, qui parcourent morgues et hôpitaux afin de faite la part des choses entre victimes et blessés. Depuis quatre jours, son beau-frère a lui-même gagné les lieux du drame afin de tenter de retrouver son épouse. “Nous n’avons reçu aucun soutien des autorités ni des agences de voyage”, témoigne Dédia, qui partira cette semaine, à ses frais, en Arabie Saoudite afin d’identifier sa sœur dans le cadre d’une délégation improvisée.

Nous monterons à Koulouba [le palais présidentiel] s’il le faut !

Soixante-dix morts identifiés

Six jours après la catastrophe, les autorités maliennes n’avaient toujours livré aucun bilan des victimes. Il aura fallu attendre le 30 septembre pour que le président Ibrahim Boubabacar Keïta (IBK) livre un premier recensement officiel, au détour d’un discours annonçant un deuil national de trois jours : soixante victimes identifiées, tandis que circulait sur les réseaux sociaux une liste d’une centaine de disparus. Deux jours plus tard, de retour de La Mecque, le ministre Thierno Hass Diallo faisait état de 70 morts et 429 disparus. Les victimes maliennes pourraient donc représenter, à elles seules, quelque 10% des morts officiellement dénombrés par l’Arabie Saoudite.

Au vu de ce bilan provisoire, le Mali pourrait devenir le pays africain le plus endeuillé, devant l’Égypte, le Cameroun, le Sénégal et le Niger. “Chacun d’entre nous doit mener sa propre enquête, dans la limite de ses moyens”, se désole Dédia Samaké. “Les autorités refusent de communiquer, mais nous monterons à Koulouba [le palais présidentiel] s’il le faut.”

Mehdi Ba

Source: Jeune Afrique

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