Alors qu’on pensait que l’hydre terroriste s’était déplacée du Mali vers le Burkina Faso, compte tenu de la présence massive des forces militaires qui le combattent, les Maliens se sont réveillés le Mardi 1er octobre 2019 avec la triste nouvelle des attaques de Boulkessi et de Mondoro avec un lourd bilan. Officiellement, une centaine de soldats manquent à l’appel dont 38 sont morts et une soixantaine portée disparus. L’indignation du Peuple malien a cédé la place à la colère noire de voir que le pays « le plus militarisé au monde » qu’est le Mali, puisse être frappé de cette manière ? A quoi servent réellement les forces étrangères stationnées au Mali ? N’est-il pas temps pour le Mali de revoir tout le dispositif sécuritaire au centre ?
Après la meurtrière attaque de Dioura, le 17 mars 2019, nombreux étaient les Maliens à supposer, naïvement, que des mesures sécuritaires seraient prises pour qu’il n’y ait plus jamais ça au Mali. C’était sans compter sur la détermination des djihadistes et l’indifférence des forces étrangères stationnées au Mali. Le 30 septembre 2019 semble démentir cette supposition avec les attaques les plus meurtrières perpétrées par les ennemis de la paix, à Boulkessi et à Mondoro, au nez et à la barbe de la MINUSMA et du G5 Sahel. Les forces françaises, Barkhane ont certes intervenu à travers leurs hélicoptères de combat pour libérer le camp du joug des terroristes, mais le coup de grâce n’est arrivé qu’après les attaques et la débandade des FAMA. Après cette double attaque, beaucoup de questions méritent d’être posées parmi lesquelles, l’utilité de la présence des forces étrangères sur notre sol, leur capacité opérationnelle. Pourquoi ne pas s’interroger également sur les capacités des Forces armées maliennes, en l’équipement desquelles plus 1000 milliards ont été débloqués ? Et que dire du G5 Sahel, le regroupement sécuritaire des cinq pays considérés comme l’épicentre du terrorisme ?
Comment quelques centaines de terroristes pourraient causer autant de dégâts au Mali et au Burkina Faso ? Et pourtant ces deux pauvres pays, ont accepté de céder une bonne partie de leurs revenus pour équiper leur outil de Défense afin d’assurer la sécurité. Mieux ils se sont ajoutés à trois autres pays que sont le Tchad, la Mauritanie et le Niger pour mutualiser leurs moyens afin de combattre l’hydre terroriste. Malgré les gigantesques efforts déployés par les pays de la zone, le terrorisme n’est toujours pas vaincu. La mal gouvernance en est-elle pour quelque chose ? Nombreux sont les citoyens de ces pays à se demander si les ressources financières et matérielles ont été utilisées à bon escient.
Que pourrait-on reprocher à la MINUSMA et aux forces Barkhane ? C’est surtout leur passivité, voire leur complicité avec les terroristes. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de leurs moyens modernes et l’efficacité de leurs services de renseignement, qu’elles ne puissent pas endiguer ce fléau ? A défaut d’attaquer ou de fournir des armes, si cela ne relevait pas de leur mandat, ne pourraient-elles pas anticiper en alertant les armées des pays en proie à des attaques récurrentes, de tous les déplacements des terroriste, en fournissant des renseignements. L’intervention des Forces Barkhanes à Boulkessi, loin d’apaiser la colère, a plutôt suscité beaucoup de questionnements sur l’agenda des forces étrangères et surtout sur la capacité des forces armées des pays du G5 Sahel dont la plupart des Etats sont empêtrés dans des corruption et de la mal gouvernance.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept