A la tension sociale, caractérisée par la cherté de la vie et une paupérisation extrême, se sont greffées deux autres tensions, celle politique, marquée par le blocage de la tenue du Dialogue National Inclusif et enfin la tension sécuritaire, consécutive aux attaques de Mondoro et de Boulkessi avec de nombreuses victimes. Les deux dernières ont connu ces derniers temps une exacerbation très inquiétante pour l’avenir du régime en place, car elles nous rappellent fort opportunément la crise de 2012, qui a eu raison du régime d’ATT et qui était consécutive à la tuerie d’Aguelhok et à l’affaissement du régime face aux multiples revendications sociales. Aujourd’hui, les thuriféraires et autres laudateurs du régime IBK pourraient trouver à redire, mais la réalité est qu’on n’est pas loin du chaos et personne n’aurait intérêt à cela. Le Mali tout comme les maliens ne pourraient plus supporter une prise du pouvoir par une voie, autre que celle démocratique. Que faut-il faire alors pour que le Mali ne tombe pas dans le précipice ?
Il faudrait tout d’abord que celui qui jouit de la légitimité du Peuple qui est le Président de la République, puisse redescendre sur terre, prendre conscience de la gravité de la crise multidimensionnelle et se considérer comme le Président d’un pays gravement malade et dont le pronostic vital est désormais engagé. IBK n’a plus mille solutions, la seule qui s’offre à lui est de renoncer à tout ou une partie de ses prérogatives constitutionnelles, en acceptant de partager le pouvoir avec son Opposition notamment celle animée par SoumailaCissé, Modibo Sidibé, ZoumanaSacko, Oumar Mariko, Moussa Mara, Moussa Sinko Coulibaly, MountagaTall, Choguel Maiga, Mahmoud Dicko, Mme SyKadiatouSow. Et surtout, en mettant en place un gouvernement de large consensus dont il jouerait tout simplement le rôle de coordinateur. Qu’est-ce que cela coûterait à IBK de renoncer à ses prérogatives en jouant juste le rôle de père de la Nation avec seulement un titre honorifique ? Il pourrait par la suite nommer un Soumaila Cissé comme Premier ministre avec pleins pouvoirs, ZoumanaSacko comme ministre des finances, Modibo Sidibé comme conseiller spécial auprès du Président de la République ou du moins secrétaire Général à la Présidence avec des pouvoirs très étendus, Moussa Sinko Coulibaly comme ministre de la défense, Oumar Mariko, ministre de la santé, Mme SyKadiatouSow comme ministre de la Réconciliation, Issa Kaou Djim de la CMAS, comme ministre des Affaires religieuses et du Culte, HamidouDoumbia de Yelatma comme ministre de la jeunesse. ChoguelKokallaMaiga et MountagaTall donneront à leur tour les noms de ceux qu’ils souhaitent voir figurer dans le gouvernement de Consensus. Les autres forces sociopolitiques qui figurent déjà dans le gouvernement de Boubou Cissé peuvent être reconduites dans le Gouvernement de Consensus s’ils ne traînent aucun bruit de casserole. Parmi ces forces sociopolitiques, on pourrait citer entre autres les partis politiques de la Majorité, EPM, les dissidents de l’Opposition regroupés au sein du FSD- SAP, le Haut Conseil Islamique du Mali, les légitimités traditionnelles.
En somme, le pays est bloqué et la solution ne semble plus être entre les mains de ceux qui nous gouvernent, alors essayons maintenant ceux qui sont à la touche, le salut pourrait venir d’eux.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept