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Boubou, au-delà des réactions épidermiques

Au-delà des réactions épidermiques de certains militants du parti de la poignée de main, analysons froidement les enjeux et les motivations de cette adhésion après celle de Mamadou Igor Diarra.

Le choix du Dr Boubou Cissé d’adhérer à l’URD n’est pas fortuit et c’est d’ailleurs un choix bien réfléchi, réaliste et objectif pour qui connaît le poids électoral de l’URD sur l’échiquier politique national. C’est un choix qui s’inscrit dans son agenda d’être candidat à la prochaine échéance électorale présidentielle. Qui ne risque rien, n’a rien, n’est rien !
La raison d’être d’un parti politique dans un régime républicain c’est la conquête et l’exercice du pouvoir. Après l’Adéma-PASJ et le RPM c’est naturellement le parti de feu Soumaila Cissé qui a la chance de remporter les prochaines présidentielles à condition d’avoir en son sein les ressources humaines et financières nécessaires capables d’assurer une forte mobilisation de l’électorat aussi bien au Mali qu’à l’extérieur.
Pour espérer remporter une quelconque victoire électorale dans un pays où les gens vivent dans une misère noire, il faut faire le choix d’un candidat capable de mobiliser des ressources financières et autour duquel gravitent des opérateurs économiques et industriels qui ont la mainmise sur certains secteurs vitaux de notre économie nationale.
Soumaila Cissé est chaque fois arrivé au second tour parce qu’il savait mobiliser des fonds pour sa campagne. L’argent est le nerf de la guerre !
Boubou Cissé pourrait-il être ce candidat idéal pour l’URD après la disparition du grand bailleur de fonds du parti ? La réponse me semble affirmative quand on jette un regard rétrospectif sur son parcours à la tête du ministère des Mines, du ministère des finances et de la Primature. Il s’est fait de l’argent et il disposerait d’un réseau capable de l’aider à lever des fonds pour financer une campagne présidentielle de plus en plus onéreuse dans un contexte particulier où le financement public alloué aux partis politiques est sur le point d’être gelé. C’est pourquoi, les cadres de l’URD essaieront coûte que coûte, dans les prochains mois, d’imposer un tel candidat à leurs militants à la suite de compromis entre différentes sections du parti ou pour d’autres raisons qui sont rarement reliées à la compétence et à l’intégrité du Dr Boubou.
Il est indéniable qu’aujourd’hui dans nos pays dits «démocratiques» ce sont les élites économiques qui mènent le jeu réduisant à néant le poids des votes individuels. Le principe «une personne, un vote» a perdu tout son sens au regard de l’influence qu’un citoyen ultra-riche a sur les politiques de son pays. Cette influence est infiniment plus importante que le poids de son propre vote ou de celui de centaines de milliers ou de millions d’autres votants. Sans compter que les médias privés sont de plus en plus concentrés entre les mains des grands patrons, ce qui a naturellement des répercussions sur la couverture des campagnes électorales.
Que dire du comportement face aux espèces sonnantes et trébuchantes des agents électoraux et des sages de la Cour Constitutionnelle chargés de proclamer les résultats définitifs provenant du MATCL ?
Vraiment soyons réalistes ! Le Mali n’est pas la France encore moins les États-Unis ! Le changement tant espéré dans nos pays n’est pas pour demain. Qui aurait imaginé un seul instant qu’après tant de mois dans la rue le peuple algérien, tunisien, égyptien, soudanais, Burkinabé,… allait accepter de vivre sous le régime des tenants du SYSTÈME ?

Sambou Sissoko

Source: Mali tribune

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