Dans un enregistrement audio diffusé samedi 7 mars, Abubakar Shekau, le chef de la secte islamiste nigériane Boko Haram, a déclaré qu’il avait prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), un groupe djihadiste contrôlant une partie de l’Irak et de la Syrie.
Ce message intervient alors que Boko Haram avait commencé à montrer des signes de rapprochement avec le groupe EI en matière de communication. Dans une vidéo de Boko Haram diffusée le 2 mars et intitulée La récolte des espions, la secte islamiste reprend les codes audiovisuels de l’organisation djihadiste en Irak et en Syrie. Les vidéos de Boko Haram sont désormais en haute définition et leur logo semble avoir été retouché sous After Effects, un logiciel d’effets spéciaux et d’animations graphiques. On est loin des anciennes publications de Boko Haram qui se caractérisaient par leur amateurisme.
Comme le rappelle la chaîne France 24, les vidéos du groupe nigérian étaient jusqu’ici transmises par CD Rom ou clé USB à l’AFP. Désormais, Boko Haram dispose de son propre accès à Internet. Avant la fermeture de son compte le 24 février, la secte islamiste utilisait Twitter pour diffuser ses vidéos. Dorénavant, le groupe se tourne vers Sendvid, une plate-forme de mise en ligne instantanée de vidéos, comme en témoigne la récente déclaration d’Abubakar Shekau. De plus, le groupe islamiste nigérian s’est également doté d’une branche média intitulée Al-Urwa al-Wuthqa (l’anse la plus solide).
Se faire connaître au-delà de ses frontières
Comme l’organisation Etat islamique, Boko Haram tente de se faire connaître au-delà de ses frontières, en sous-titrant ses messages vidéos en anglais mais aussi en français. Une évolution qui, pour Romain Caillet, spécialiste de cette mouvance djihadiste, serait due à l’envoi d’émissaires du groupe EI au Nigeria pour superviser la communication de Boko Haram.
D’après des experts cités par le New York Times le 20 février, ce tournant médiatique aurait débuté quelques mois après que le groupe islamiste EI a annoncé dans son magazine Dabiq qu’un groupe nigérian lui avait prêté allégeance, sans spécifier le nom de ce mouvement. Cette annonce aurait scellé le rapprochement entre les deux organisations terroristes.
Selon le quotidien new-yorkais, la méthode est rodée. En 2014, d’autres organisations terroristes en Égypte et en Libye ont également procédé à un changement de leurs méthodes de communication, après avoir été reconnues comme des filiales du groupe Etat islamique dans le magazine Dabiq.