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Boko Haram étend son emprise en Afrique de l’Ouest

Quarante jeunes hommes enlevés, l’armée nigériane délogée d’une base militaire stratégique dans le nord-est du pays, la présence de Boko Haram se fait de plus en plus sentir au Nigéria. Les populations fuient devant l’avancée des islamistes et c’est toute la région comprenant le Nigéria, le Tchad et le Cameroun voit avec inquiétude l’emprise de ce groupe terroriste s’intensifier. La réponse militaire n’est pas encore efficace et c’est l’ensemble de la communauté internationale qui doit se mobiliser contre cette menace.

boko haram president nigerian Goodluck Jonathan

La pieuvre Boko Haram grandit

2015 commence dans la peur en Afrique de l’Ouest. La secte islamiste Boko Haram est de plus en plus puissante et le fait savoir en multipliant les actes criminels. Enlèvement de dizaines de personnes, attaques de bases militaires, villages rasés, recrutement d’enfants soldats radicalisés et prêts à se sacrifier pour une cause mortifère. Les populations du nord-est du Nigéria sont traumatisées et fuient – lorsque cela est possible – les troupes déchaînées de Boko Haram. Le groupe, fort de sa puissance nouvellement acquise, défie même les autorités des pays voisins comme l’illustre une vidéo de 17 minutes postée sur Youtube dans laquelle Abubakar Shekau, chef de la mouvance, menace directement le président camerounais.

Né au Nigeria au début des années 2000, Boko Haram a fait une apparition spectaculaire sur la scène africaine et internationale en prenant d’assaut la prison de Bauchi (Nigeria) et en libérant plus de 150 combattants. Faisant oublier avec ce coup d’éclat la défaite de 2009 et la capture de son fondateur Mohamed Yusuf. Se finançant par le pillage, l’exploitation des populations sous leur contrôle et par les trafics, les membres de Boko Haram peuvent aussi compter sur des autorités locales nigérianes promptes à se laisser corrompre. Le résultat est aujourd’hui très préoccupant puisque le groupe terroriste a mis la main sur un territoire aussi grand que celui occupé au Levant par son frère de sang Daech.

Depuis plusieurs mois, les pays voisins du Nigeria sont aussi directement menacés. Abubakar Shekau a explicitement dit que si un pays comme le Cameroun ne laissait pas tranquille les partisans de Boko Haram, ils se retourneraient contre ce pays. La stratégie est simple : conquérir le Nigeria et imposer la charia et ainsi respecter l’élan fondateur d’une mouvance qui s’inspire de plus en plus des « fous de dieu » du Moyen-Orient. Le Nigeria comme centre névralgique avant d’étendre la terreur au Tchad, au Niger, et au Cameroun. La réponse à la stratégie de Boko haram doit donc être ferme et réfléchie au niveau régional. Le Nigeria ne peut vaincre seul par les armes un groupe devenu si puissant. Les efforts de l’ensemble des pays de la région doivent être coordonnés et dirigés vers un même but : l’éradication de Boko Haram.

Goodluck Jonathan, Muhammadu Buhari : une volonté et des doutes

Le sort de Boko Haram se jouera en grande partie dans les urnes le 14 février prochain. Non, les islamistes radicaux ne se présentent pas aux élections présidentielles et législatives pour prendre le pouvoir par les urnes. Cependant, du résultat de cette élection générale découlera le refoulement ou le développement de Boko Haram. D’un côté le président en exercice Goddluck Jonathan a multiplié les déclarations sans concession à l’égard des islamistes sans pour autant réussir à bien les contenir sur le terrain, de l’autre Muhammadu Buhari qui il y a une décennie ne cachait pas sa volonté d’instaurer la charia et dont les signes d’hostilité envers Boko Haram se font désespérément attendre. En 2001, il évoquait publiquement son « engagement total envers le mouvement de la charia ». Aujourd’hui, le candidat du Congrès progressiste (APC) part dans des harangues enflammées contre la corruption. Sa verve est étrangement absente dès lors qu’il s’agit de condamner les agissements de Boko Haram.

Pire, s’il n’est pas juste de qualifier Muhammadu Buhari de candidat des intégristes, certaines déclarations sont embarrassantes. Un ancien cadre de Boko haram a affirmé en 2012 que l’ancien général Buhari a financé l’organisation avec plusieurs autres hommes politiques. Parole contre parole. Mais le passé de dictateur de Buhari et son extrémisme religieux ne plaident pas en sa faveur. A la tête de la junte militaire en 1984-1985 il est resté dans la mémoire collective comme un homme un combattant de la corruption. L’objectif était louable, les méthodes employées barbares. Des trafiquants exécutés en place publique après une parodie de jugement. Cela rappelle étrangement la justice rendue par Daech…

L’ancien dictateur a aussi prêté son nom à une grande famine qui a touché le Niger en raison d’un comportement inhumain et égoïste qui a entraîné la mort de d’innombrables civils. Un lourd passif qui explique que ses trois dernières tentatives pour accéder à la présidence par les urnes se soient toutes soldées par un échec. Mais aujourd’hui, les tentions religieuses sont plus exacerbées que jamais dans le pays et les musulmans réclament un président issus de leur rang comme l’accord tacite de 1999 l’expose. Au chrétien Jonathan devrait succéder un chef d’Etat musulman. Mais une incartade à la présidence tournante pourrait être la bienvenue car donner le pouvoir à un allié objectif de Boko Haram ferait du Nigeria un havre de paix pour tous les djihadistes de la région. Les populations musulmanes et chrétiennes, les Etats africains et la communauté internationale n’ont pas besoin d’une pareille hypothèse.

 

Source: mediapart.fr

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