Pour des raisons de sécurité liées aux offensives répétées de Boko Haram, le Nigeria envisage de reporter de six semaines l’élection présidentielle qui devait avoir lieu le 14 février.
Les élections présidentielle et parlementaire au Nigeria auront-elles bien lieu le 14 février ? La question était au cœur samedi 7 février d’une réunion cruciale de la commission électorale.
C’est le conseiller national à la sécurité du Nigeria, Sambo Dasuki, qui a demandé samedi 7 février à la Commission électorale nationale indépendante (INEC) un report de six semaines, expliquant que l’armée n’était pas en mesure de sécuriser le scrutin sur l’ensemble du territoire dans un délai si court.
Le président de l’INEC, Attahiru Jega, devait s’exprimer face à la presse samedi en fin d’après-midi depuis Abuja, la capitale fédérale.
Dans sa requête, Sambo Dasuki a rappelé que l’armée était engagée dans des opérations difficiles dans le nord-est du pays contre le groupe islamiste armé Boko Haram et que, « en raison de cela, il ne lui sera pas possible d’assurer la sécurité adéquate des élections ».
L’impuissance de Goodluck Jonathan face à Boko Haram
Cette élection, qui s’annonce très indécise, voit le chef de l’État Goodluck Jonathan, 57 ans, briguer un second mandat de quatre ans sous les couleurs du Parti démocratique populaire (PDP) qui a déjà indiqué qu’il se rangerait à la décision de la commission électorale. En revanche, bon nombre de ses 13 adversaires à la présidentielle, qui lui reprochent son impuissance face à Boko Haram, sont plutôt opposés à tout report de l’élection.
L’organisation terroriste reste, de fait, un problème majeur pour le Nigeria mais également les pays voisins. Pour la première fois, Boko Haram a ainsi mené vendredi des attaques meurtrières au Niger, contre deux villes à la frontière avec le Nigeria, au moment même où les armées de la région se mobilisent contre les islamistes nigérians.
109 islamistes tués à la frontière avec le Niger
Le bilan communiqué par le ministre nigérien de la Défense Mahamadou Karidjo est lourd : 109 islamistes, quatre militaires et un civil tués. Les forces de sécurité nigériennes déplorent en outre 17 blessés et deux disparus.
Cette offensive islamiste a eu lieu alors que le Parlement du Niger devrait approuver lundi un engagement de ses troupes au Nigeria pour combattre Boko Haram, au côté des armées tchadienne et camerounaise.
« En ce moment, le calme est revenu dans les deux localités. La situation est sous contrôle », a affirmé Mahamadou Karidjo vendredi soir, ajoutant que des « opérations de ratissage » étaient « en cours ».
Selon le ministre, le groupe armé nigérian a mené deux attaques « simultanées » à Bosso et Diffa, deux villes du sud du Niger distantes d’une centaine de kilomètres et situées à la frontière avec le Nigeria.
Dans la bourgade de Bosso, les islamistes ont réussi à « s’infiltrer dans la ville », avant d’être « neutralisés » par les troupes nigériennes, appuyées par l’armée tchadienne, a-t-on appris de même source.
Le général tchadien Yaya Daoud blessé
Les troupes tchadiennes déployées au Niger ont aussi essuyé le feu des islamistes : leur commandant, le général Yaya Daoud, a été blessé par balle à Bosso, selon une source sécuritaire tchadienne. Il a été évacué à N’Djamena.
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Très critiquée pour son inefficacité dans la lutte contre Boko Haram, l’armée nigériane a annoncé que des discussions bilatérales avec les militaires tchadiens avaient eu lieu vendredi à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.
Le Niger devrait rejoindre le Cameroun, engagé depuis plusieurs mois dans sa région de l’Extrême-nord infiltrée par les insurgés, et le Tchad, mobilisé depuis deux semaines.
La Croix avec AFP