Les barrages routiers installés depuis quatre jours sur la route nationale 3 qui mène de Kayes à Bamako ont été levés mercredi 28 août, après un accord avec le collectif qui organisait depuis vendredi des blocages pour exiger la réfection du tronçon. Le gouvernement s’est engagé à procéder à des réparations.
Ses trois téléphones n’arrêtent pas de sonner. Des appels de Kolokani, de Kati et de Kayes. C’est justement là, dans cette ville de l’ouest, que tout a commencé pour Mamedy Dioula Dramé. « C’est ma ville natale et ces derniers temps, j’ai été choqué par l’état de la route et des rails », raconte-t-il. Un collectif se crée alors, le Sirako (« Ce qui concerne la route » en bambara) et rassemble. « J’ai fixé un jour : j’ai dit que le 23 [août, NDLR], le pont de Kayes serait coupé et il a été coupé ». Des centaines d’habitants installent des barrages sur le principal pont de la ville sur le fleuve Sénégal, interrompant le trafic, notamment des camions en provenance du Sénégal et de Mauritanie.
Après Kayes, direction Kolokani et Kati. Le mouvement rassemble plusieurs centaines de jeunes qui paralysent pacifiquement les axes routiers. Plus d’un millier de camions se retrouvent bloqués au poste de péage de Kati, une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Bamako.
Mamedy Dioula Dramé, juriste de formation, et ses camarades leaders ont eu un moment de doute. « Sincèrement, on était partis sur un timing d’un jour ». Finalement la contestation s’est installée dans la durée.
Les barricades sont maintenues, notamment à Kati. Le Premier ministre reçoit alors les jeunes. « C’était très important qu’il nous reçoive. Il nous a expliqué ce que l’État peut faire et ce que l’État ne peut pas faire », rapporte-t-il. En fait, le Premier ministre Boubou Cissé a sa stratégie : il jauge la situation, il sait qu’il va lâcher un peu du lest. D’autres prennent le relais des négociations et un accord a finalement été trouvé mardi soir. Le gouvernement a accepté de commencer les travaux du tronçon dégradé entre Kayes et Bamako dans trois semaines.
« Nous avons commencé comme mouvement de veille citoyenne et nous allons finir comme mouvement de veille citoyenne », assure Mamedy Dioula Dramé quand on l’interroge sur l’avenir du mouvement.
RFI