La filiale sénégalaise de First Bank Of Nigeria (ex-malaisienne ICB) qui prendra avant le 31 décembre 2015 des couleurs au pagne yoruba, suite au processus de son rebranding (moins d’1 million d’euros de budget) et l’obtention courant novembre dernier de son nouveau agrément de dénomination sociale, reste toujours empêtrée dans une situation financière désastreuse et des guerres de tranchées tous azimuts sur fond de harcèlements et d’abus notoires. Exclusif.
Un rebranding au forceps. Comme nous l’annoncions dans des éditions électroniques précédentes des Afriques, le rebranding tant attendu par les administrateurs, les actionnaires, les employés et la clientèle entrera en vigueur d’ici avant fin décembre 2015. Le budget mobilisé pour le volet uniquement rebranding oscille en dessous de 1 million d’euros, soit 650 000 000 f CFA. Une source autorisée à Lagos a commenté aux Afriques que les autres charges liées au changement de l’appellation informatique de Delta à Finacle 10 qui est la plateforme logicielle utilisée par l’ensemble des filiales du groupe frôlent en gros la bagatelle des 2 millions d’euros. « L’obtention de l’agrément du rebranding n’a pas été une mince affaire, puisque des réglages dans la structuration et les normes de bonne gouvernance interne devaient être opérés. Ça nous a pris du temps », confie une autorité très au parfum du dossier. Alors que toutes les filiales de l’ex-ICB Financial Group Holding ont terminé leur rebranding et sont sur l’intégration système et logiciel et produits, seule la filiale sénégalaise traînait des pieds. En dépit du calendrier interne de la holding établi à Lagos depuis le grand chambardement né au lendemain de l’opération d’acquisition par ICB (Intercontinental Commercial Bank).
D’ailleurs, a soufflé une source aux Afriques, « FBN Ghana est très en avance pour avoir achevé ce process il y a bientôt un an avec consécration lors du lancement par l’actuel et bientôt ex-directeur général du groupe, Bissi Ona Saya, et le président du Ghana, John Dramani ». De sources bien informées, ce processus d’intégration a été piloté de mains de maître par la nouvelle égérie promue, Eyitope Saint Mathew Danielle, Mme Kola Oyeneyin et son adjoint Tomi Otudeko (fille de Oba Otudeko). En phase avec le management board, une partie du personnel de FBN Sénégal a suivi une formation dans ce sens à Lagos, au Nigéria et en Inde, tandis que le reste de la troupe a été coaché sur place à Dakar par des équipes dépêchées par le siège de la holding.
De Londres à Paris en passant par Dakar, Conakry, Banjul, Freetown, Accra, Kinshasa, Dubaï Johannesburg, on est sur le qui-vive. Uru Kalu Uke Ike, alias Uk Ike, actuellement administrateur, puissant et très influent directeur à FBN Bank Nigeria Limited, promu au prestigieux poste d’administrateur directeur général de FBN Holding, Plc, à compter du 1er janvier 2016 en remplacement de Belo Macido, prépare une purge à haute voltige. Le duo de choc, Dr Adesola et Uk Ike, a invité tous les directeurs généraux et les équipes peu performantes à présenter des résultats financiers probants. A défaut, le supplice suivra. FBN Sénégal dont la santé financière se dégrade (près de 1 milliard de pertes cumulées) n’échappera pas à l’opération. Car cette filiale intrigue au plus haut les nouveaux dirigeants en service selon des indiscrétions. Les Afriques a appris que Dr Adesola Adeduntan, actuellement directeur financier du groupe, promu DG des filiales bancaires à compter du 1er janvier 2016, se chargera de dépolluer l’atmosphère et de faire bouger les lignes. Vraisemblablement, Dakar ne livre pas de bonnes nouvelles. Car les pertes cumulées ont atteint un point de non-retour, en dépit de nombreuses provisions déjà constituées pour plus de 1 milliard avant la vacance toujours en cours depuis le départ de l’ancien ADG, le Béninois Philippe Kpenou.
Le cas James Bittaye ? Une grosse épine sous les pieds des dirigeants de Lagos, lesquels devront résoudre la lancinante équation de nomination d’un nouveau directeur général à la tête de la filiale sénégalaise. Depuis la vacance du poste de CEO, le Gambien James Bittaye, non ressortissant de la zone Uemoa qui officie dans les couloirs sans le grade de CEO de FBN Sénégal, multiplie les manœuvres pour succéder à Philippe Pkennou. Toutefois, son cas soulève plusieurs questions, celle du principe de nomination et de réciprocité dans l’union communautaire. D’après nos investigations, les hautes autorités de l’Uemoa privilégient l’option d’un recrutement “in area” conformément aux textes en vigueur. Question de principe et de réciprocité communautaire qui tournent à la défaveur du Gambien James Bittaye. Jusqu’ici, aucun ressortissant de l’Uemoa n’est à la tête d’une banque nigériane dans la République fédérale nigériane ou d’une filiale du groupe FBN.
PAR ISMAEL AIDARA, RÉDACTEUR EN CHEF
Source: Les Afriques