« Aéroport international Président Modibo Keïta de Bamako-Sénou ». Au rayon des incongruités en matière de dénomination, le gouvernement malien pourrait concourir pour la Palme. Quel zèle que d’encombrer avec tant de mots ce qui aurait pu être désigné un peu plus sobrement. Pas besoin d’une intelligence supérieure ; il suffisait de faire comme tout le monde et sous les cieux. Aéroport JFK à New York, Charles De Gaulle à Paris, Léopold Sedar Senghor à Dakar, Félix Houphouët Boigny à Abidjan. Nulle mention de la qualité des personnalités ainsi immortalisées.
Notre ancien Président a-t-il été plus Président que ses pairs qui ont donné leurs noms à des aéroports célèbres ? La singularité malienne donne plutôt le vague sentiment que nous avons à présenter Modibo Keïta et tant qu’à faire il fallait plutôt écrire « Président de la République » pour qu’on ne confonde pas l’ancien chef de l’Etat avec un « Président de Conseil d’administration » !
Au-delà de l’anecdote, ces grandes infrastructures sont les marqueurs du passage d’un Homme d’Etat dans la plus haute responsabilité. Il n’est pas interdit à un président de la République (IBK en l’occurrence) de baptiser tous azimuts les réalisations de son prédécesseur : Palais des sports, stades, Maisons de la femme, bateaux… Ce encore plus méritoire de léguer autant voire plus à la postérité pour que le cycle des baptêmes d’édifices se perpétue.
A moins d’un an du terme du mandat, nous sommes loin du compte. Le chantier politique et sécuritaire reste un amas de désordre qui échappe à tout contrôle de « l’homme à poigne » que nous avons installé à Koulouba. Et c’est au nom de cette même crise sécuritaire que le régime s’est donné toutes les excuses pour tout le reste.
Et ce n’est pas avec un programme présidentiel d’urgences sociales que le successeur d’IBK trouvera matière à inaugurer ou à baptiser.
Couper le ruban symbolique est aisé, construire pierre après pierre est beaucoup plus ardu. Encore dix mois pour nous surprendre !
Tiéfing