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Bilan contrasté de l’intervention militaire de la France au Mali dans la lutte contre le terrorisme local

Le 15 Août 2022, la France a retiré ses dernières troupes militaires du territoire malien selon le Président français Emmanuel Macron, en bon ordre contrairement au départ des Américains du 15 Août 2021 d’Afghanistan.

 

En neuf (9) ans de présence militaire au Mali, la France a prétendu combattre le terrorisme local et international. Mais elle l’a fait avec les moyens militaires et non de contre-terrorisme.

Toutes les victoires tactiques contre le terrorisme par une armée classique se terminent toujours par des échecs stratégiques et cuisants.

Après les opérations ‘‘Servals’’ et ‘‘Barkhane’’, les groupes terroristes ont gagné du terrain et même en crédibilité. En 2013, les attaques terroristes étaient confinées seulement au Nord du Mali mais aujourd’hui, la contagion des menaces terroristes a atteint quatre (4) pays, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et le Benin en plus du Mali.

 

La pandémie des menaces terroristes dans les quatre (4) autres pays pour ne citer que cela traduit l’échec de l’intervention militaire de la France au Mali voire au Sahel. Cet échec découle des erreurs politiques qu’a commises la France.

Dans la foulée de l’action en 2013, la France avait confié aux Mouvements indépendantistes Touareg le maintien d’ordre et les avait considérés comme ses partenaires plus sûrs et plus fiables locaux que les autorités nationales du Mali.

 

En prenant les mouvements indépendantistes comme des combattants aguerris, la France cautionnait ainsi leur alliance avec les groupes terroristes pour combattre l’armée malienne. Chemin faisant, la France a lâché le régime de feu Ibrahim Boubacar KEITA et n’a cessé de le fustiger en le traitant d’incompétent et de corrompu.

 

Affaibli en terme politique et lâché par la France, le régime d’IBK a été renversé le 18 Août 2020 par certains éléments des Forces de Défense et de Sécurité suite à des mois de contestation socio-politique menée sous la houlette de l’Autorité morale, Imam Mahamoud DICKO. Advenu le redressement de la trajectoire du 24 Mai 2021, la France n’a cessé de sous-estimer la capacité politique et militaire des autorités actuelles de la Transition au Mali.

En soixante (60) ans, la France est intervenue militairement en Afrique pas moins d’une quarantaine de fois contrairement à la Grande Bretagne qui n’est intervenue qu’une seule fois en 2000 au Sierra Leone.

 

Le terrorisme est un moyen d’action et non une entité organique formelle, raison pour laquelle l’expression « guerre contre le terrorisme» relève de la supercherie. On fait la guerre contre un Etat et non contre le terrorisme qui n’est qu’un moyen d’action.

La lutte contre le terrorisme doit être fondée sur la coopération des Etats concernés prenant en compte les moyens politiques et économiques définis à court et long termes. Sous le prétexte de mener la guerre contre le terrorisme, la France invoque un motif légitime de son intervention militaire qui a toujours été soldée par des échecs au détriment du peuple fatigué mais désabusé qui noue des relations de contrepoids et de relance avec un nouvel allié stratégique, la Russie.

 

Toutes les interventions militaires étrangères ont pour dénominateur commun l’enjeu économique et géopolitique. Sans nul doute, le Mali dispose de ressources naturelles importantes le plaçant dans la catégorie des pays les plus attractifs.

La France est le seul pays occidental à avoir fait de l’Afrique, une priorité stratégique. Dans sa prise de position contradictoire, la France a exigé au Mali un processus démocratique exemplaire pendant qu’elle soutient au Tchad une succession dynastique du pouvoir et avait appuyé durant des décennies le régime militaire et dictatorial de Blaise COMPAORE au Burkina Faso.

Aujourd’hui, la France est en train de payer cash ses contradictions flagrantes en Afrique. Il faut absolument que la France purge son passé colonial si elle veut avoir un avenir en Afrique. La jeune génération en Afrique s’est rendue à l’évidence qu’elle a le devoir de changer la gouvernance politique, économique et militaire de son continent dont les perceptions et clichés négatifs sont la misère, la guerre fratricide, le chômage et la famine.

En conséquence, il revient à la jeune génération du Mali de travailler d’arrache-pied pour relever les défis d’une gouvernance vertueuse !

Maître Koto TRAORE
Avocat au Barreau du Mali

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