Un véhicule de l’administration pour célébrer un mariage à Bamako. Cela pouvait encore être accepté sous un autre pouvoir, mais pas celui d’Ibrahim Boubacar Kéita, l’ex-Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré. Qui, par ses prises de position courageuse, avait su conquérir l’estime des Maliens. Avec notamment la suppression de l’utilisation des voitures administratives les week-ends ou jours fériés (sauf autorisation), etc. Même Narcisse ne se prendrait plus pour Narcisse, car trop d’eau a coulé sous le pont.
Sous son pouvoir qui a débuté dans des conditions économiques très difficiles en 2013, voire chaotique que certains administrateurs ont tendance à tirer ses efforts vers le bas. Pour preuve, ils se permettent d’utiliser des véhicules administratifs à des fins privées. C’est le cas précis d’une voiture immatriculée K, de marque Toyota Corolla. En effet, courant week-end dernier, ce véhicule administratif a été surpris en train de transporter des mariés.
Le hic dans l’affaire, c’est que ce véhicule administratif était paré aux décors des mariés. “Est-ce le même Ibrahim Boubacar Kéita que l’on a connu en plein combat contre ce genre de comportement lorsqu’il était Premier ministre et qui, du coup, reste aujourd’hui sans voix en tant que président de la République devant les mêmes faits” ?, s’interroge l’un de ses admirateurs choqué par ce comportement des fonctionnaires.
En effet, les pratiques que l’actuel chef de l’Etat a combattues, hier reviennent au galop, voire en puissance. Comme si cela est érigé en règle d’or, il ne passe pas de week-end sans que l’on aperçoive des voitures administratives dans des lieux endiablés des quartiers du district de Bamako. Un tour dans les coins chauds les week-ends et sur nos routes pour s’en convaincre.
Nos véhicules administratifs sont devenus des moyens de transport, une situation qui frise le ridicule. Dire que c’est Ibrahim Boubacar Kéita qui est au pouvoir et voir des autorités administratives du pays se comporter de la sorte avec des véhicules de l’Etat, il y a de quoi s’interroger, tant la surprise est grande. Y a-t-il des décisions courageuses qu’on peut prendre quand on n’est pas au pouvoir et les ranger dans les placards quand on parvient au sommet de l’Etat ?
La question reste entière, tant qu’on observera les administrateurs augmenter les dépenses de l’Etat. Et le bas peuple sombrer dans la misère avec à la clé des discours mielleux. Les mouvements de soutien à sa faveur naissent comme des champignons, comme au temps où ATT était au pouvoir. Certains responsables sont allés loin : en recueillant des fonds pour payer sa caution lors de la présidentielle. Qu’à cela ne tienne ! Est-ce qu’Ibrahim Boubacar Kéita a vraiment besoin de cela ? En d’autres termes, c’est un crédit moral auquel il doit être redevable.
Eh hop ! C’est la porte ouverte à la gabegie, aux scandales financiers, aux coureurs de jupons issus de son gouvernement dans lequel certains de ses administrés préfèrent aller se marier au Sénégal comme s’il n’existait pas d’état-civil au Mali. Choquer, toujours choquer la conscience du bas peuple, ce bétail électoral.
Sommes-nous dans une République de moutons de Panurge ? Qui doit être le modèle ? A ce rythme, il n’est pas évident que le Mali parvienne à l’émergence en 2020, comme le souhaite le président Kéita.
Assi de Diapé
Le Point