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Ber : une mission exaltante malgré les défis

Le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Ber, dans la région de Tombouctou, a fermé ses portes le 13 août 2023, et ce dans le cadre du plan de retrait de la Mission du Mali d’ici au 31 décembre 2023. Dans sa résolution 2690 du 30 juin dernier, le Conseil de sécurité a donné suite à la demande des autorités maliennes pour le retrait de la Mission de leur pays et déterminé que ce processus doit être conduit sur une période de six mois.

Ouvert en 2014, le camp de Ber, qui était tenu par une compagnie de casques bleus du Burkina Faso, avait pour objectif de contribuer à la stabilisation de cette zone en proie à une activité intense de groupes armés terroristes et d’aider à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger, notamment en son volet désarmement, démobilisation et réinsertion.

Menace persistante des groupes armés terroristes

Tout au long de leur déploiement à Ber, long de près d’une décennie, les casques bleus ont été la cible d’attaques incessantes par des éléments terroristes et criminels. La dernière attaque avant la fermeture de la base eut lieu le 9 juin 2023, impliquant l’emploi d’un engin explosif improvisé suivi de tirs directs. L’incident a fait deux morts parmi les casques bleus burkinabé cependant que sept autres furent grièvement blessés. Même le retrait de la Mission s’est déroulé sous le sceau de la violence. Il est intervenu plus tôt qu’initialement envisagé, du fait de la dégradation de la situation sécuritaire dans la zone, qui exposait les casques bleus à une menace accrue. Et pendant qu’il faisait mouvement vers Tombouctou, ville distante de moins de soixante kilomètres, le convoi des casques bleus de la MINUSMA fut attaqué à deux reprises, le 13 août. La deuxième attaque se solda par quatre blessés que la Mission parvînt à évacuer dans des conditions difficiles pour traitement à son hôpital à Tombouctou.

Outre l’insécurité, le contingent déployé dans cette zone a dû faire face à d’autres défis tout aussi formidables. Le terrain sablonneux a rendu les patrouilles et les opérations de ravitaillement très difficiles. Le contingent qui a quitté Ber le 13 août dans la matinée a mis 51 heures pour rallier Tombouctou, ayant vu ses véhicules s’ensabler à plusieurs reprises.

Malgré ces difficultés, les casques bleus burkinabé ont fait preuve d’un engagement remarquable dans l’accomplissement des tâches qui leur étaient assignées. Ils ont tenu la base vaille que vaille, dans l’espoir que la relance du processus de paix permettrait de créer les conditions d’une action plus efficace pour la stabilisation de la zone.

Appui multiforme aux communautés locales

La présence des casques bleus burkinabés à Ber a permis aux composantes civiles de la MINUSMA et aux agences humanitaires d’avoir un accès aux communautés les plus vulnérables pour leur apporter un appui ciblé. De 2013 à 2022 une dizaine de projets, financés par les différents instruments budgétaires dont disposait la Mission, ont été réalisés à Ber pour un montant total de plus de 300,000,000 de francs CFA. A titre d’exemple, en 2017, un projet d’appui à des activités génératrices de revenus a été lancé pour répondre aux besoins de 110 femmes membres de la Coordination locale des associations féminines. Les installations de teinture traditionnelle du Centre multifonctionnel des femmes de Ber ont été améliorées avec la construction d’un hangar, d’un forage et d’un système de drainage des eaux de teinture, et l’achat des équipements.

Les teinturières traditionnelles ont aussi vu leurs capacités renforcées. Une formation en coupe-couture, en techniques de teinture et en gestion leur fut dispensée.
La même année, la MINUSMA et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont conjointement financé un système d’adduction d’eau potable pour réduire la violence liée à l’accès à cette denrée. A l’époque, cette infrastructure avait permis à plus de 4 000 habitants de Ber et plus de 2 000 bergers d’avoir accès à une quantité suffisante d’eau potable. Le projet présentait aussi l’avantage de réduire la pénibilité de la corvée d’eau pour les femmes et les enfants. Pour accroître les sources d’eau potable en faveur des communautés locales, un autre projet de ce type est venu s’ajouter en 2023. Dans la même dynamique, et afin de réduire les tensions liées à l’accès à l’eau, la MINUSMA a aussi mis en œuvre en 2022 un projet d’adduction à l’eau potable pour les populations rapatriées de la Commune de Ber.

Avec la fermeture du camp de Ber et de celui de Goundam, intervenu trois jours plus tard, la MINUSMA ne dispose plus que d’une seule emprise dans la région, à savoir sa base de Tombouctou. Tous les équipements appartenant aux contingents qui opéraient dans la région et ceux appartenant aux Nations unies y sont entreposés en attendant leur évacuation hors du Mali. Cette opération complexe, qui impliquera le recours tant au transport fluvial que terrestre, ira au-delà de l’année en cours, pour se prolonger pendant la période dite de liquidation de la Mission, qui commence le 1er janvier 2024.

MINUSMA

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