Depuis le 12 janvier où il a marché à Paris pour soutenir les journalistes de Charlie Hebdo abattus par des terroristes, Yayi s’est trouvé une nouvelle passion : déclarer la guerre à Boko Haram. On le voit de plus en plus dans une campagne solitaire contre la nébuleuse terroriste, allant de Libreville à Brazzaville. Une démarche d’une imprudence inouïe qui donne de lui l’impression d’un président qui joue à provoquer Aboubakar Shekau et ses ouailles.
C’est parti pour une nouvelle aventure présidentielle. Comme au temps de la guerre au Mali -où ses propos ont réussi à sortir le putschiste Sanogo de ses gonds – Yayi reprend les mêmes agitations. Il bouge beaucoup et parle beaucoup. On l’a vu il y a deux jours en Afrique centrale, précisément à Libreville au Gabon et à Brazzaville où il est allé ameuter les chefs d’Etat de ces pays pour une mobilisation internationale contre Boko Haram. A Brazzaville, il a affirmé sans barguigner que le Bénin déclarait la guerre à Boko Haram. Le petit écran a pu montrer une partie de cette impétueuse déclaration où le Chef de l’Etat tout en verve, menaçait presque la nébuleuse terroriste. A ses côtés, on voit le président Denis Sassou N’guesso, acquiesçant de la tête face à la brave déclaration de son jeune homologue. Lui, il n’avait pas eu le culot de faire une déclaration aussi osée, ayant certainement perçu en homme politique d’expérience les méandres de ce dossier. Pas plus que Goodluck Jonathan, président du Nigéria, pays attaqué par cette organisation terroriste. En campagne pour la présidentielle, le président nigérian n’a pas fait depuis une déclaration courageuse et forte pour aller contre Boko Haram ou faire une promesse d’en découdre une fois élu. On comprend donc que le sujet est très délicat et ne s’y hasarde pas n’importe quel président. On n’avait vu que les présidents camerounais, tchadien et nigérien se hasarder sur ce terrain. Et ceci pour de bonnes raisons. Ce sont les pays les plus proches de l’orthocentre de la rébellion terroriste. Le Cameroun constitue leur base arrière alors le Tchad et le Niger sont aussi proches de leurs champs d’intervention. Ces deux derniers pays craignent également une contamination idéologique étant donné que leurs populations sont culturellement et spirituellement proches des combattants de la nébuleuse. Pour preuve, le président du Niger est Haoussa comme Aboubacar Shekau et les responsables du groupe. Cette même communauté se retrouve un peu au Tchad.
Qu’est-ce qui fait courir Yayi ?
Alors, on se demande pourquoi Yayi devient subitement un nervi de la lutte anti-terroriste ? Est-ce juste pour le prestige personnel ou pour plaire à son ami Jonathan ou aux occidentaux ? Ou y a-t-il une raison ? Il est évident que pour l’une de ses raisons, Yayi peut se décider à aller en guerre contre Boko Haram. Surtout que, la porosité des frontières bénino-nigérianes aidant, on peut craindre que ces psychopathes religieux puissent s’infiltrer au Bénin pour commettre des attentats. Il a donc une raison à faire cette guerre. Seulement, la guerre contre le terrorisme ne s’embarrasse pas de zèle et d’agitation. Elle est une chose sérieuse surtout que l’ennemi est volatile, imprévisible et même invisible. Mais, tout porte à croire que Yayi veut juste faire son show afin que Aboubacar Shekau ne remarque et le menace aussi comme les présidents du Niger et du Tchad. Sinon comment comprendre que le Chef de l’Etat, en plus de manifester le désir d’envoyer 700 soldats combattre contre Boko Haram, va faire une déclaration dans un pays étranger sans aucune consultation préalable des institutions de la république ou d’annonce officielle. Aux Etats- Unis comme dans d’autres pays sérieux, la déclaration de guerre est un acte solennel. Elle ne vient pas de l’imagination du président. C’est un projet politique et géostratégique bien mûri et sur lesquels travaillent des spécialistes. Obama convoque toujours un Conseil de guerre avant d’envoyer des troupes américaines allées guerroyer n’importe où. On doit savoir les intérêts du peuple béninois dans cette guerre. Si c’est juste au nom de la solidarité internationale, pourquoi Yayi ne s’arrête pas au seul envoi des soldats ? A voir tout le zèle présidentiel autour de cette démarche, on veut bien croire que Yayi ne cherche pas à importuner le dangereux Shekau et amener Boko Haram à penser au Bénin juste pour des velléités obscures. Connaissant la ruse et les manigances du pouvoir actuel, on veut bien croire qu’il n’y a rien derrière cette bonne volonté.
source : lanouvelletribune.info