Au Bénin, Sébastien Ajavon passe sa septième nuit en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Cotonou jeudi soir. Le richissime homme d’affaires, arrivé troisième à la présidentielle de mars, a été arrêté il y a une semaine exactement après la découverte de 18 kilos de drogue dans un conteneur destiné à sa société Cajaf-Comon.

Depuis une semaine et l’arrestation de Sébastien Ajavon dans une affaire de drogue, les Béninois se perdent en conjectures, entre folles rumeurs sur les réseaux sociaux et explications d’experts sur le fonctionnement du transport maritime.

Ils s’interrogent. Est-ce une machination ? Orchestrée par qui ? Le pouvoir, des adversaires politiques, des concurrents de cet importateur de volailles congelées, le patron des patrons, une des plus grosses fortunes du Bénin ? Ou y avait-il bien trafic, de la drogue pouvait-elle passer dans les conteneurs qui étaient ouverts, en toute légalité, dans les entrepôts de la société Cajaf-Comon et pas au port de Cotonou ? Sébastien Ajavon le savait-il ou pas ?

La situation devrait évoluer ce vendredi puisque la garde à vue doit prendre fin à 18h. Trois possibilités : soit le procureur de la République de Cotonou abandonne les poursuites contre l’homme d’affaires et le libère, soit il renvoie le dossier devant le tribunal correctionnel et peut décider de l’envoyer en prison, soit il demande à un juge d’instruction de continuer l’enquête. Ce juge peut libérer l’ancien candidat à la présidentielle ou demander un mandat de dépôt à son encontre. Dans ce cas, ses avocats pourront plaider devant le juge des libertés afin que leur client soit relâché.

« Un montage »

Son avocat Me Alain Orounla se dit confiant. Il estime que « le dossier est vide ». « C’est dans la pratique de nos barbouzes de jeter de la drogue dans les affaires de ceux qu’ils veulent compromettre. On l’a présenté comme un Pablo Escobar. Je suis désolé, 18 kilogrammes dans un conteneur, ce n’est pas assez rentable, puisque les montants qu’on en escompte ne dépasseraient pas 200 millions. Il n’y a même pas de quoi payer le transport ! » ironise-t-il.

« Deuxièmement, poursuit-il, le flou sur les sources qui auraient identifié ce conteneur, la manière dont la découverte a été faite. On a dit que les produits étaient emballés dans des sachets de Leader Price. La précipitation et le manque de professionnalisme qui convienne au traitement des informations : les empreintes ont été effacées, la précipitation avec laquelle l’officier de police judiciaire a parlé et a même décrété l’incinération prouve, si besoin en était qu’il s’agit d’un montage. Et j’ai confiance dans le fait que notre justice au Bénin est remplie de gens de valeur qui ont le sens du discernement et que cette affaire retrouvera bientôt sa place dans les archives sinistres de notre pays. »

La rédaction