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BENGALY SISSOKO ALIAS… CHOUBAGA-CHI : Ange et/ou démon !

«Lucifer en personne, tueur de sang-froid et braqueur sans pitié» de l’avis de ses détracteurs et présumées victimes ; «justicier, défenseur de la veuve et de l’orphelin, bienfaiteurs et protecteurs des miséreux et indigents» selon ses proches. Voici l’histoire tragique de l’un des hommes les plus contrastés et controversés de la capitale malienne des temps modernes, décédé dans des conditions…, disons insolites !

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De son vrai nom Bengaly Sissoko alias Choubaga-Chi (de la race ou trempe des sorciers), il a été arrêté la veille de la fête de tabaski dans son quartier natal sis à Médina-Coura par le commissariat de police du 3ème Arrondissement. Une opération qui fait suite à de nombreuses plaintes le concernant. Les plaintes sont en rapport à des présumés cas de braquage à main armée voire d’assassinats.

Son interpellation

Après recoupements et vérifications et contrairement à la rumeur, son arrestation est intervenue dans la nuit du 29 Août dernier chez lui à domicile au quartier Médina-Coura. C’est à la suite d’un Soit-transmis émanant du Procureur de la Commune II. Et il n’a opposé la moindre résistance selon les témoins du quartier.
Il a été conduit et gardé à vue dans les locaux dudit commissariat avant d’être admis à la maison Centrale d’Arrêt quelques jours plus tard sur instruction du même Procureur. Sur place (au commissariat du 3ème Arrondissement), il n’a fait objet de la moindre brimade ou violence.

Son séjour à la MCA

L’on sait très peu de chose de son séjour à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) où il était visiblement un habitué pour y avoir été plusieurs fois admis. Une chose est sûre : il n’est nullement décédé des suites d’une longue maladie. Il nous revient que seulement quelques minutes avant sa mort, il a joint sa petite amie par téléphone invitant celle-ci à lui préparer une soupe à base de poisson. Et ce qui semble être une crise, est survenue immédiatement après cette communication téléphonique. C’est dire qu’il ne s’attendait pas à la mort, en tout cas, pas à cet instant précis. Un agonisant ne demande pas une soupe au poisson !
Le certificat de décès établi à la date du 10/09/2017 par l’infirmerie de la Prison (MCA) fait mention de décès par «arrêt cardio-respiratoire». Une expression plutôt vague qui confirme juste la mort clinique en faisant fi des causes réelles du décès. En clair, le document ne précise pas de quoi il est mort, un constat relevant de la seule compétence d’un médecin légiste. La note précise par contre que la mort est bien survenue à la MCA, pas à l’Hôpital Gabriel Touré où la dépouille a été ensuite admise.

Une dépouille emblématique

Tous ce qui ont vu le corps du défunt sont unanimes : il ne porte de traces de violences quelconques et le trépassé a tout l’air de dormir du sommeil du juste. Serein !

«Rarement nous recevons une dépouille aux apparences aussi paisibles et flegmatiques», nous a confié un employé de la morgue du CHU Gabriel Touré où nous nous sommes rendus.

Et de poursuivre : «celui-là donne l’impression de se reposer au regard de ses nerfs très relâchés et de son visage visiblement détendu. On dirait qu’il n’a pas souffert et que la mort semble l’avoir délivré. Nous en avons reçu ici avec les affres de la mort figés sur le visage. Mais lui…».

Le décès serait-il naturel, avions-nous interrogé ? La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté : «en apparence, oui ! ». Il nous revient que les ayants-droit soupçonnant un empoisonnement ont décidé, dans un premier temps de porter plainte avant de se rétracter. Une telle procédure aurait eu pour conséquence de placer la dépouille sous-scellée pendant de longs mois, voire plusieurs années, le temps d’établir toutes les responsabilités. Ce qui n’est nullement paisible pour une famille déjà meurtrie par le décès. Fort heureusement, le bon sens a prévalu.

Des obsèques sous hautes surveillance.

C’est le mardi dernier aux environs de 16 heures qu’ont lieu ses obsèques dans la famille paternelle. Rappelons que le décès est survenu, selon le certificat de décès, le dimanche 10 Septembre 2017 à 10h 43 mn précises. Les obsèques initialement prévues pour le lundi 11 Septembre, n’ont finalement lieu que le lendemain mardi à partir de 16 heures. Il nous revient que l’option de la plainte est passée par là. Mais une fois cette éventualité écartée, le corps a été remis aux parents pour les funérailles.
Mais le bruit d’un empoisonnement ayant couru et à l’origine de la colère de ses proches et amis, les autorités ont jugé nécessaire de prendre des mesures idoines. D’où une surveillance accrue mais discrète de toute la cérémonie funèbre. On ne signale aucun incident majeur.

Ange et/ou démon ?

Le défunt a été amené dans sa dernière demeure selon les rites musulmans. C’est dire qu’un Imam a fait prier sur la dépouille et des versets du Saint Coran ont été lus pour sa rédemption. Un paradoxe ? Peut-être bien ! Mais il s’avère que l’emblématique disparu était un musulman pratiquant et fréquentait très souvent la mosquée du quartier. Un constat visiblement suffisant pour ses coreligionnaires : il était digne du rite musulman. Ce qui n’est pas l’avis de ses détracteurs dont ses présumées victimes. Aux yeux de celles-ci, il n’était qu’un vulgaire bandit de grand chemin comme l’attestent ses nombreux séjours en prison ainsi que les plaintes le concernant.
Il faut dire que ce colosse de plus de 01,90 mètre, en muscle était parvenu à créer tout un monde et un mystère autour de sa personne. Il est accusé, à tort ou à raison de violences, braquages à main armée, d’assassinat, etc. Pour autant, ses multiples arrestations ont été suivies de peines légères par les tribunaux. En somme, jamais il n’a été condamné à de lourdes peines pour des crimes lui ayant été attribués.
Pour ses voisins du quartier, il était certes du côté obscur de la chose, mais a changé depuis un certain temps, en tout cas, au moment de son arrestation. C’est, disent-ils, «parce qu’il ne se reprochait rien qu’il s’est rendu à la police venu le cueillir à domicile».
Généreux, il l’était à l’endroit de ses proches à qui il ne manquait jamais d’adresser des bienfaits. Et quand il était, par ceux-ci sollicité, c’est à pas de course qu’il s’exécutait. Ces derniers le vénèrent donc pendant que d’autres par contre, ont jugé nécessaire de prendre leurs distances par rapport à lui, parce qu’à leurs yeux, il était l’incarnation du mal lui-même.

Pour notre part, nous continuons à croire que c’est bien la société et le système de gouvernance qui créent et entretiennent aussi bien les anges que les démons ! « An bè nô dow» (nous sommes tous coupables), comme dirait l’autre !

 (BAMANAN DEN) Issiaka Coulibaly

Source : Kojugu (Hebdomadaire de faits divers)

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