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Ben le cerveau au gnouf pour atteinte au crédita de l’etat : Le Che Guevara malien a-t-il été victime de ses prétentions ?

La lutte unit mais le pouvoir divise a-t-on coutume d’entendre, cet adage s’applique bien au cas de Adama Diarra dit Ben le cerveau, l’un des fervents partisans du Président de la transition, le colonel Assimi Goïta. A la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako, MCA pour atteinte au crédit de l’Etat, le Che Guevara malien a été présenté au Procureur le vendredi 8 septembre 2023 et il sera situé sur son sort le jeudi 14 septembre 2023. Cette arrestation, loin d’être anodine, est la conséquence des agissements de Ben le cerveau contre la transition.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est celle de l’émission d’une radio de la place au cours de laquelle Ben le Cerveau aurait tenu des propos susceptibles selon le procureur, de constituer des faits pouvant porter atteinte au crédit de l’Etat. Comment en est-on arrivé à ce désamour entre compagnons de lutte ? Avec l’arrestation de Ben le Cerveau à quoi doit-on s’attendre de la part du Mouvement Yerewolo, Debout sur les remparts ? Le moment n’a-t-il pas été mal choisi ?

Tous les grands observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que les agissements de Ben le Cerveau et surtout certaines de ses prises de positions gênaient certains hauts placés du pouvoir. D’aucuns ont même qualifié ses sorties de populistes avec comme dessein de chercher à discréditer la transition à des fins personnelles. D’autres pensent qu’il est en mission de déstabilisation afin de se faire une nouvelle virginité politique avant les élections à venir, en prenant ses distances vis-à-vis de la transition. Alors que pour les partisans de Ben le Cerveau, le Che Guevara malien a dit plus haut ce que beaucoup de maliens murmurent plus bas, à savoir le respect du délai de la transition en organisant les élections avant mars 2024. Et qu’à coup sûr cette position dérange certains caciques du régime qui ne voudraient rien entendre par rapport au respect du délai de la transition. Entre ces deux jugements antagoniques les analystes trouvent leur fenêtre d’entrer pour décrypter. Il faudrait avoir le courage de dire que l’arrestation de Ben le Cerveau a une connotation politique et il ne serait victime que d’un règlement de compte  politique. Mais si et seulement si le Colonel Assimi Goïta mesurait la portée de cette arrestation, il allait peser de tout son poids pour l’empêcher, à défaut, il trouvera les moyens d’éviter qu’il soit condamné. Car même s’il y a véritablement infraction commise par Ben le Cerveau, son arrestation ne serait guère une bonne presse pour le pouvoir compte tenu du rôle qu’il a joué pour son avènement.

Comment en est-on arrivé à ce désamour entre compagnons de lutte ?

Les déboires de Ben le Cerveau ont commencé depuis qu’il avait commencé à critiquer certaines décisions prises par les plus hautes autorités. De l’augmentation du budget de la présidence, à la nomination des nouveaux conseillers au CNT en passant par certains comportements des cadres haut placés de l’administration qui jurent avec la morale et l’orthodoxie, Ben le Cerveau n’a pas porté de gant pour fustiger ces décisions qui sont à ses yeux impopulaires. Au regard des comportements peu amènes, Ben le Cerveau pense à tort ou à raison que la révolution du peuple a été détourné de ses objectifs. C’est pourquoi dans une émission radiophonique il a dit et répété à satiété qu’il était un impératif absolu de respecter le délai de la transition pour, dit-il, épargner le Mali des nouvelles sanctions. Au cours de cette même émission, qui est à la base de ses ennuis judiciaires, Ben le Cerveau affirme qu’aucun prétexte n’est aujourd’hui valable pour prolonger la durée de la transition, pas en tout cas l’insécurité car le referendum a été tenu sur toute l’étendue du territoire. Donc en se démarquant des partisans de la prolongation Ben le cerveau s’est attiré la foudre de ceux qui ne veulent pas entendre parler de la fin de la transition. Comme si cela ne suffisait pas Ben le cerveau a dénoncé des comportements immoraux et désobligeants d’un haut responsable de l’administration qui jurent avec la morale.

Avec l’arrestation de Ben le Cerveau à quoi doit-on s’attendre de la part du Mouvement Yerewolo, Debout sur les remparts ?

Les camarades de Ben le cerveau n’ont jamais baissé les bras après la mise sous mandat de dépôt de leur leader, d’où la rétention du numéro 2 du Mouvement Yerewolo, Siriki Kouyaté. Selon nos dernières informations ce dernier aussi serait arrêté pour incitation à la révolution, car il aurait invité au procès de Ben tous les membres de leur mouvement et tous les maliens épris de justice à venir y assister. Les détracteurs de l’association diront que le Mouvement n’est que l’ombre de lui-même après l’arrestation de son cerveau. Ils estiment que les partisans de Ben ne pourraient pas drainer une immense foule. Cette grille de lecture serait trop simpliste, surtout quand on sait que le printemps arabe a commencé par un fait banal, à savoir un jeune tunisien qui s’est aspergé de l’essence avant de s’immoler par le feu après avoir été importuné par les policiers. Ce fait banal a embrasé tout le monde arabe. Donc l’arrestation de Ben le Cerveau s’est déroulé dans un contexte qui ne s’y prête pas tout comme à un moment très délicat de la vie socio-politico-sécuritaire du Mali. La question qui taraude les esprits est celle de savoir comment dans un contexte marqué par une crise sociale sans précédent, une insécurité grandissante, et un agenda politique incertain, on pourrait se payer le luxe d’ouvrir un autre front en arrêtant Ben le Cerveau. Derrière Ben le cerveau se cachent tous les frustrés de la transition, tous les blasés du système, tous les mécontents du régime. Donc une petite brindille suffit aujourd’hui pour embraser le pays, que Dieu nous en préserve.

En définitive, les autorités doivent jouer à l’apaisement du climat sociopolitique, elles doivent rassembler tous les maliens pour faire face aux nombreux et périlleux défis auxquels le Mali est confronté.

Youssouf Sissoko         

L’alternance

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