Une vidéo de deux policiers en train de racketter des motocyclistes à Bamako est virale sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Le Président du syndicat Renouveau de la police a, dans une interview relayée sur Facebook, expliqué que seule l’amélioration des conditions de vie des policiers permettrait de mettre un frein à de telles pratiques.
« Les fonctionnaires maliens sont mal payés», aime-t-on dire. L’adjudant de police Aziz Dembélé, Président du syndicat Renouveau, l’a rappelé lors d’une sortie sur les réseaux sociaux. « Si nous sommes mis dans les conditions, ce genre de pratiques diminuera », a-t-il déclaré, parlant des deux policiers mis en cause dans la vidéo. En d’autres termes, si les policiers ont leur vie et leurs conditions de travail améliorées, il n’y aura pas de racket. « Aujourd’hui, si vous prenez le salaire des fonctionnaires maliens, comparé au coût de la vie dans notre pays et au salaire de leurs collègues de la sous-région, vous reconnaitrez que c’est un sacrifice extraordinaire que ces hommes et ces femmes font au quotidien pour servir leur pays », ajoute Moussa Kondo, Directeur pays de l’ONG Accountability Lab. Celle-ci a un programme, Integrity Icon, dont le but est de rendre hommage aux fonctionnaires maliens dont l’engagement et les sacrifices « méritent d’être connus ».
Lien entre salaire et corruption ? « Beaucoup de gens pensent qu’on peut justifier la corruption par l’indice salarial. Il n’en est rien. Dans le même pays et dans le même contexte, vous avez des gens qui perçoivent le même salaire et qui parviennent à bien vivre avec. C’est juste une question de perception. Aujourd’hui, quelqu’un qui se donne un train de vie supérieur à ses revenus sera forcément obligé de justifier sa corruption par le faible salaire qu’il perçoit », affirme Moussa Kondo.
Afin que le service public soit plus utile aux citoyens, il propose « l’amélioration d’abord des conditions de vie de ceux qui sont sensés mettre en œuvre la politique publique, mais aussi l’investissement dans tout ce qui est matériel pour que le service soit plus efficace ».
Dans le classement 2020 de Transparency International, le Mali occupe le 129ème rang mondial en termes de corruption sur 180 pays. Sur le continent, il est 29ème sur 54 pays africains.
Boubacar Diallo