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Baromètres citoyens de la sécurité au Mali : Les Bamakois confrontés à la criminalité organisée à travers la drogue, la prostitution et le trafic d’armes

Il ressort d’une étude d’Onu-femmes et du Pnud que les habitants de Bamako font actuellement face à la criminalité organisée à travers la drogue, la prostitution et le trafic d’armes à feu. Et cela en plus de l’incivisme, la délinquance et la famine. Les chercheurs à l’origine de l’enquête ont aussi signalé que le principal défi majeur est le chômage dans des quartiers de Bamako. Le baromètre citoyen de la sécurité malienne a, selon les chercheurs, un score sécuritaire de 5,74. Ce qui fait du Mali, «un pays dans une situation sécuritaire médiocre».  

Présenter le baromètre et les rapports analytiques d’une étude de perception sur la situation de gouvernance sécuritaire au Mali ! Tel était l’objectif de l’atelier de restitution organisé mercredi dernier (11 octobre 2023) par le Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-Diaspora (LASPAD) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) sur les baromètres citoyens de la sécurité au Mali. Il s’agit d’un outil de recherche permettant de faire des prévisions ou d’anticiper les problèmes futurs détectés. Le baromètre citoyen de la sécurité, la sécurité par le haut, le religieux et le conflit et la sécurité climatique… sont, entre autres, les thèmes majeurs de cette étude.

Cet atelier s’est tenu sous la règle de Chatham House qui stipule que les participants sont libres d’utiliser les informations collectées, mais ils ne doivent révéler ni l’identité ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Tout comme ils ne doivent pas révéler l’identité des autres participants. La première enquête, «baromètre citoyen de la sécurité», a été principalement concentrée sur cinq quartiers de Bamako, notamment Faladié, Niamakoro, Sabalibougou, Samé et l’Hippodrome.

Il ressort de ces enquêtes que les habitants de Bamako font actuellement face à la criminalité organisée à travers la drogue, la prostitution et le trafic d’armes à feu. Et cela en plus de l’incivisme, la délinquance et la famine. Ces chercheurs ont aussi signalé que le principal défi majeur est le chômage dans ces quartiers de Bamako. Le baromètre citoyen de la sécurité malienne a, selon les chercheurs, un score sécuritaire de 5,74. Ce qui fait du Mali, «un pays dans une situation sécuritaire médiocre».

«87/100 des personnes enquêtées disent n’avoir été victime d’aucune agression ces douze derniers mois ; 6/100 affirment avoir été victime d’agression verbale ; 1,70/100 ont affirmé être victime d’agression physique avec arme à feu», ont aussi précisé les chercheurs. Le but de ces enquêtes est de faire le point concernant la situation sécuritaire de la capitale à travers l’avis de ses habitants sur leurs impressions par rapport au niveau de la sécurité humaine et aussi d’anticiper ces problèmes avant qu’elle ne s’aggrave. La finalité est de contrôler ou de trouver une solution à ces fléaux afin d’éviter qu’ils ne deviennent une question d’extrémisme.

Pour le second baromètre, l’enquête a été basée sur la sécurité par le haut, qui fait référence aux grandes décisions prises au sommet par les dirigeants sans aucune consultation de la population. Une étude qui visait aussi à connaître l’opinion de la population nationale sur les missions étrangères de maintien de la paix en général. Selon l’analyse des spécialistes, ce facteur s’explique par la méconnaissance des informations par la population pour juger de la pertinence des opérateurs sécuritaires présents dans le pays depuis des années.

Pour la grande majorité de la population, ces missions de maintien de la paix et de sécurité ne servent à rien, car la sécurité ne s’est toujours pas améliorée malgré leur présence. Pis, elle a même tendance à se dégrader chaque jour davantage. D’après l’analyse des chercheurs, cette hostilité à l’endroit des opérateurs sécuritaires internationaux est due à l’inefficacité de leur stratégie. Les chercheurs ont surtout mis en avant la méconnaissance par les populations des contenus des traités conclus par les dirigeants au sommet. Les citoyens sont exaspérés par le fait que la sécurité ne soit pas toujours améliorée après dix ans de présence d’une mission de paix.

Quant au 3e baromètre citoyen de la sécurité, il a été concentré sur le religieux et le conflit. Selon les recherches des spécialistes sur la question, la montée de la violence et la configuration actuelle des groupes armés dépassent largement les religieux. Elles indiquent aussi que le conflit dans le nord du Mali est une crise d’espace qui a une très grande incidence économique. Cette crise est un conflit économique et non interreligieux.

Pour ce qui est de la 4e et dernière enquête, elle portait sur le changement climatique. Ses réponses sont mitigées, ont précisé les chercheurs. Face au changement climatique, le tiers des personnes interrogées n’a aucune stratégie pour y faire face et 24,99/100 comptent sur d’autres sources de revenus pour pouvoir survivre. Au même moment, 17/100 ne savent pas quoi faire face à ce changement climatique ; 15/100 ont soutenu vivre en mangeant et en ne consommant que du moins cher. Et 11/100 des personnes interrogées ne parviennent plus à manger les trois repas quotidiens par jour.

Selon les chercheurs, 43/100 de la population malienne ne savent rien de la politique climatique de l’État malien. Le responsable des programmes WANEP Mali, M. Ibrahim Traoré, a salué les panélistes et a qualifié les échanges de très fructueux. A noter que la cérémonie a enregistré la présence de M. Christian Klatt, représentant résident FES MALI ; Mme Adji K. N’Diaye, chargée de programme FES/PSCC ; Dr. Beatriz Mesa, chercheuse permanente et maître de conférences à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, LASPAD, et Colonel Birama Apho Ly, Directeur CARESS.

A noter que les présentes enquêtes ont été réalisées en partenariat avec le Bureau paix et sécurité du centre de compétence Afrique subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert (Friedrich Ebert Stiftung/FES-PSCC), en collaboration avec le West africa network for peacebuilding (WANEP).

Sory Diakité

Le Matin

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