Elles ont tenu hier leur rencontre trimestrielle de concertation, d’échange et d’information sur l’ensemble des préoccupations du système bancaire
La direction nationale de la BCEAO et l’Association des professionnels des banques et établissements financiers (APBEF) ont tenu, hier, leur troisième réunion trimestrielle au siège de la Banque centrale. Au terme de la rencontre, le directeur national de la Banque centrale, Konzo Traoré, et le président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo, ont animé un point de presse pour expliquer les questions examinées au cours de leur rencontre. Les sujets abordés portent sur le compte-rendu de la réunion du Comité de politique monétaire du 9 septembre dernier, la situation économique et financière récente du pays, le point sur le rapatriement des recettes d’exportation, l’état d’avancement du projet de promotion des bureaux d’information sur le crédit dans les Etats membres de l’UEMOA, l’exploitation des systèmes de paiement par les banques.
Konzo Traoré a expliqué que la fiscalité des bons et obligations du Trésor « mérite une clarification étant donné que les banques estiment que les dispositions prévues en la matière ne sont pas strictement respectées ». Il a souligné aussi l’importance pour les banques d’assurer la fluidité des financements, des règlements, etc. Par ailleurs, il a particulièrement insisté sur la question très importante du rapatriement des recettes d’exportation, un sujet à l’ordre du jour de l’ensemble des réunions du secteur « du fait de notre régime de change ». « Il s’agit de faire en sorte que nos opérateurs économiques qui exportent puissent rapatrier les devises générées par leurs exportations. Pour cela, nous devons forcément nous appuyer sur les banques. D’ailleurs, un forte recommandation leur a été faite en leur demandant d’inviter leurs clients à leur céder des ressources parce que si l’exportateur d’or, par exemple, ne cède pas à la banque elle-même, cette dernière ne pourra pas céder à la BCEAO », a expliqué le directeur national de la BCEAO qui a évoqué aussi la nécessité d’assurer la fluidité des paiements. A ce sujet, il a recommandé aux banques de s’assurer que les rejets de chèques sont fondés. « On a remarqué souvent qu’il y a des rejets abusifs c’est-à-dire si le client présente un chèque et que la banque n’a pas forcément la trésorerie, au lieu de l’avouer, elle dit que les images ne sont pas très appropriées. Les motifs de rejet doivent être fondés», a recommandé Konzo Traoré.
PREOCCUPATION MAJEURE. Le président de l’APBF a, de son côté, tenu à rappeler que la revue est une rencontre trimestrielle de concertation, d’échange et d’information permettant de passer en revue l’ensemble des préoccupations du système bancaire malien. Au delà des questions évoquées par le directeur national de la Banque centrale, il a attiré l’attention sur deux points essentiels : le bureau d’information du crédit, un instrument qui va permettre aux banques de mieux apprécier le circuit bancaire et par conséquent de lutter, à la fois, contre les risques d’impayés dans les livres des banques et le risque de surendettement de la clientèle. « C’est un instrument assez important qui va dans le sens de l’amélioration du risque pris sur le client. Nous avons aussi recommandé l’ouverture des agences auxiliaires de la BCEAO dans d’autres régions que Mopti et Sikasso comme à Kayes ou Gao », a-t-il ajouté.
Répondant aux questions des journalistes, il a expliqué que la revue fait toujours un bilan des recommandations des réunions précédentes. Ainsi par exemple, concernant les systèmes de paiement, il avait été recommandé de procéder à la relecture de la convention liant l’ensemble des banques par rapport au système de paiement en vigueur dans notre pays et dans l’espace UEMOA notamment par rapport à STAR UEMOA et à CICA. Cette recommandation a été exécutée à 100%. La convention a été élaborée et l’ensemble des banques ont signé. « C’est un puissant instrument qui doit garantir la fluidité des opérations bancaires dans notre pays et dans l’espace UEMOA », a estimé Moussa Alassane Diallo.
Le PDG de la BNDA a cité la fiscalité sur les bons du trésor parmi les préoccupations majeures du système bancaire malien. « Nous sommes totalement en déphasage avec l’administration fiscale sur la fiscalité liée aux bons des Etats », a-t-il souligné en rappelant que la recommandation faite à la direction nationale de la BCEAO de servir de médiateur entre les banques et l’administration des impôts, a été prise en compte. « La BCEAO a pris le dossier en main et je pense que dans les jours ou mois à venir, des concertations seront organisées autour de la question avec le ministère de tutelle. C’est au ministre de l’Economie et des Finances de trancher la question et nous allons suivre ce dossier. Il est important de résoudre ce problème qui fait peser sur les banques un risque fiscal majeur », a expliqué Moussa Alassane Diallo qui s’est réjoui du fait que les revues offrent l’occasion de traiter de questions très techniques avec un suivi régulier des recommandations.
A une question sur le droit des opérateurs de téléphonie mobile, adossés aux banques, de faire du crédit, il a répondu que la réglementation actuelle ne les y autorise pas. « Si ça se fait, c’est une infraction », a-t-il tranché.
Par rapport au rapatriement des recettes d’exportation, il déplorera les multiples difficultés mais dira que cette opération constitue un point essentiel pour la conduite de la politique monétaire de nos Etats. « Aujourd’hui, les banques servent d’intermédiaire, il faut clarifier toutes les questions. Tout cela doit s’organiser de façon que nous puissions assurer la traçabilité et la fluidité de toutes nos opérations afin d’établir qu’il n’y a pas une fuite des recettes d’exportation. C’est de ça qu’il s’agit parce que si c’était le cas, cela va être très préjudiciable à nos économies et à la politique monétaire du pays », a fait remarquer le patron de l’APBF.
F. MAÏGA
Source : Essor