Le Directeur de la radio Maliba FM que nous avons rencontré, nous a dit surpris par l’interpellation soudaine de Ras Bath. Il nous explique son cadre de collaboration avec l’animateur, et les conditions de son arrestation, sans avertissement. Alors que Ras a longtemps eu le même ton. Il ne sait pas ce qui a changé.
Selon son Directeur, Bandiougou Tounkara dit Diougous, qui a les qualités de producteur, concepteur et réalisateur, « la radio Maliba FM, qui a quatre ans, est une radio à caractère commercial, et dont la mission est d’informer, former, divertir, éduquer, sensibiliser et promouvoir nos valeurs socio-économiques, culturelles, politiques et traditionnelles ». Il s’agit d’une radio commercial, mais interactif, qui anime des débats dans tous les domaines.
C’est à la création de la radio en 2012, que son promoteur Bandiougou Tounkara dit Diougous, lancera un avis aux animateurs de radio. Ainsi, le jeune Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras répond à l’appel muni d’un synopsis intitulé ‘’Carte sur Table’’, et les discussions autour de ce projet ont débouché sur l’émission la plus écoutée de cette radio en bande FM. Après cette entente, nous indique notre interlocuteur Bandiougou Tounkara, qui est un vieux routier de la radio, « Je lui ai dès lors signalé de faire attention à deux choses: ne jamais diffamer quelqu’un et ne jamais appeler les gens à la révolte ou à l’insurrection ». A part ces deux remarques, il pouvait librement animer son émission. « De là à ce jour, je n’ai jamais reçu quelqu’un venu se plaindre d’avoir été diffamé. Certains sont venus dire qu’il a des propos qui ne conviennent pas, mais personne ne s’est plaint de diffamation ou de propos mensongers de la part de rasta », a déclaré Diougous.
L’émission animée par Rasta fait drainer des annonces. En effet les annonceurs se bousculent aux portillons de la radio et la radio fait recettes. Le promoteur et l’animateur en tirent leur compte. Bandiougou Tounkara a démenti les allégations selon lesquelles il fait payer le temps d’antenne à l’animateur. « Non, cela n’est pas vrai, Ras ne peut pas payer le temps d’antenne, c’est une collaboration basée sur les annonces », a-t-il indiqué.
Mais qu’est ce qui a motivé l’interpellation de l’animateur qui a épargné peu de gens depuis qu’il dispose du micro à Maliba FM, sis à l’ACI 2000 ? « Cela m’a dépassé, parce qu’il a toujours eu ce ton qui accable, et tout d’un coup qu’on l’arrête, cela m’a surpris. On devait m’adresser un avertissement pour dire de stopper, mais pendant tout ce temps, aucune autorité ne nous a adressé un avertissement, pour nous dire de changer…», indique le Directeur de la radio.
Etonnante procédure
Lors de son audition au camp I de la gendarmerie, le promoteur Bandiougou Tounkara a pris connaissance du contenu de la requête du Procureur général, et il lui a été indiqué qu’après ses altercations avec le prêcheur Bandiougou Doumbia, Ras Bath aura persisté dans les« injures publiques à caractère sexuel ». Ce qui constituait en quelque sorte, les raisons évoquées de son arrestation, en dépit d’autres motifs indiqués par le Procureur général, nous indique Diougous. Le Directeur de la radio a été auditionné lorsqu’il était venu rendre visite à Ras en détention. La gendarmerie se trouvait sur le point de lui envoyé une convocation lorsqu’il est arrivé au Camp I, indique-t-il. Selon la loi portant régime de la presse et délit de presse, c’est le Directeur de l’organe qui est concerné à titre principal par une interpellation pour délit de presse. Mais dans le cas de Ras Bath, l’entorse à cette démarche est incompréhensible de tous. « Quand il y a une bavure sur la radio, c’est avec le promoteur ou le directeur de la radio qu’il faut parler », reconnait Diougous. Mais la manière dont Rasta a été arrêté a surpris parce qu’il a été nuitamment intercepté entre sa maison et la radio où il se rendait pour son émission. Pourquoi n’a-t-on pas attendu qu’il arrive à la radio ? L’homme de radio était avec son épouse dans le véhicule lorsqu’on l’a intercepté. Et s’il était seul, qu’allait-il se passer ? Des questions qui méritent réflexion et bien d’inconnus.
B. Daou
Source :Le Républicain