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Bancoumana: Un laboratoire de la création artistique

Situé dans la Commune rurale de Bancoumana (Mandé), non loin du fleuve Niger dans la Région de Koulikoro, le Laboratoire Don Sen Folo (Don Sen Folo-LAB) est un lieu dédié à l’art sur deux hectares. C’est un ensemble composé pour le moment de 12 cases traditionnelles d’habitation, d’un restaurant, des sanitaires et d’une scène de travail. Ce complexe est l’œuvre de l’Association Don Sen Folo du Mali.

 

Situé dans la Commune rurale de Bancoumana (Mandé), non loin du fleuve Niger dans la Région de Koulikoro, le Laboratoire Don Sen Folo (Don Sen Folo-LAB) est un lieu dédié à l’art sur deux hectares. C’est un ensemble composé pour le moment de 12 cases traditionnelles d’habitation, d’un restaurant, des sanitaires et d’une scène de travail. Ce complexe est l’œuvre de l’Association Don Sen Folo du Mali.

Créer un espace privilégié permettant aux artistes confirmés et aux jeunes talents de se réapproprier leur histoire et leur territoire afin d’y laisser pousser leur imaginaire. Telle était l’ambition de Lassina Koné en initiant le projet du Laboratoire Don Sen Folo (Don Sen Folo-LAB). Un complexe culturel dédié à la création artistique qui a pris corps à Bancoumana, à moins d’une cinquantaine de kilomètres de Bamako, dans le Mandé.

Ce projet est aussi la concrétisation d’un rêve du danseur/chorégraphe. «Ce Laboratoire en dehors de Bamako est un vieux rêve. J’ai toujours vu le milieu artistique dans la capitale qui se renouvelle, mais qui ne grossit pas car il y a peu de lieux de travail dédié à la danse», confie le responsable de l’Association Don Sen Folo. «Le pays est immense, il y a donc peu de chance pour qu’un jeune vienne se former ou s’intéresser simplement à l’art de la danse contemporaine en dehors de Bamako», précise Lassina alias «Donkela Koné».

Sans compter que, rappelle-t-il aussi, «le Centre que nous avions à Bamako était devenu trop étroit par rapport à nos activités et à nos projets. Nous voulions d’un lieu qui permette aux artistes de se retrouver entre eux pour travailler dans un espace qui laisse plus de place à l’imaginaire et à la rêverie».

Le directeur artistique de Don Sen Folo-Lab explique le choix de Bancoumana par le fait que cette commune n’est pas trop éloignée de Bamako (environ 50 km) et le village est situé à proximité du Djoliba (fleuve Niger). «Bancoumana est au cœur du Mandé. C’est un lieu fort chargé d’histoire et de cultures et fait partie de notre identité. Se retrouver à travailler dans cet environnement, entre l’art et la culture, est une chance. Ce cadre nous replonge dans toute notre histoire avec Soundjata Kéita. C’est un rêve d’être là-bas, c’est fort», confesse Lassina Koné avec beaucoup d’enthousiasme. Et de poursuivre : «nous sommes fiers de ce que nous avons été, de ce que nous sommes et de ce que nous deviendrons. Avec la construction de ce lieu nous défendons une nouvelle approche globale qui fait de l’Art un tout».

 Vitrine d’un savoir-faire local
à la base, le Laboratoire Don Sen Folo est un lieu de formation, de résidence, de création pour tous les arts. Pour le moment, le complexe est doté de 12 chambres, d’un grand restaurant qui peut prendre jusqu’a 100 personnes et d’une scène de danse. «Mais, nous avons aussi prévu une scène pour le théâtre, une bibliothèque pour se ressourcer, un studio de musique et une grande salle de spectacle», indique Donkela Koné.
«Le laboratoire doit être doté également de espace permettant d’accueillir des artistes des arts plastiques ou des photographes ou même des écrivains. Nous souhaitons avoir un lieu où toutes les formes de l’Art se retrouvent, un lieu de résidence, de recherche et de création», a-t-il ajouté.

Mais, visiblement, le studio de musique lui tient beaucoup plus à cœur. «Le studio nous tient à cœur parce que quand les artistes sont en création, ils n’ont pas forcément tout le matériel pour finir leur spectacle. L’idée c’est que, à terme, les artistes en résidence puissent faire leur création lumière ici, leur création musicale… Que tout le spectacle soit fait ici. Que cela soit aussi possible en Afrique, que l’on ne soit pas obliger d’aller en Occident pour finir nos spectacles, nos créations», reconnaît le fondateur et directeur artistique de Don Sen Folo-Lab.

«Nos habitations sont des constructions traditionnelles en terre de nos ancêtres. Elles nous inspirent et sont vertueuses. Leur construction est un art transmis et actualisé», indique l’initiateur du projet. Chaque case porte un nom, une histoire pour rappeler ceux qui ont fait grandir les talents du milieu tel que «Germaine Acogny» la Maman ou encore «CDC la Termitière», lieu emblématique de la formation burkinabé ; ainsi que ceux qui font grandir le pays tel que «Blonba». Il y a aussi Les Inachevés, Le Grin, Karim Togola, Nama, Centre culturel kôré de Ségou.
Mais, il a naturellement fallu s’armer de courage et de patience pour mener ce projet à bien. «Il y a eu pas mal de difficultés et cela depuis les débuts des travaux. Mais, cela ne nous décourage pas, car nous savons que les problèmes sont là pour être résolus. Cela prendra du temps, mais on avance. On met notre énergie sur ce qu’on arrive à faire, sur la réussite des choses», souligne le promoteur.

De l’argent, du temps, du courage…
«Ma philosophie est que les problèmes sont là pour être résolus et les rêves sont là pour être réalisés». Un projet concrétisé avec l’appui de certains partenaires. «Les personnes qui nous ont soutenues sont des particuliers et des associations qui croient en notre projet et qui veulent en faire partie. Elles viennent d’ici et d’ailleurs. Elles nous ont donné du temps, des idées, de l’argent, de la main d’œuvre et souvent du courage et beaucoup de considération. On a fait aussi des prêts», précise le chorégraphe/danseur.
Ce projet est un tremplin pour se projeter dans l’après coronavirus. «Aujourd’hui, nous continuons à créer et à pratiquer notre art. Malheureusement, nous ne pouvons plus faire venir nos collègues étrangers alors que la culture a besoin de dialogue et de métissage. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui.  Nous réfléchissons de ce fait sur la suite de nos activités futures, sur la forme qu’elles vont prendre. Nous ne nous arrêterons pas, nous nous adapterons», espère Lassina.

Lassina et ses camarades sont en train de jouer leur partition dans ce projet historique. Le reste est entre les mains des esprits, des génies protecteur du Mandé et du géni créateur de chaque artiste qui y séjournera. «Esprit participatif, tu construiras durablement ce lieu. Esprit créatif, tu utiliseras et développeras ce lieu. Esprit en devenir, ce lieu sera ton foyer et tu le réchaufferas de ta présence. Ce projet de construction se veut humain, durable et collaboratif», prie l’initiateur de l’Association Don Sen Folo.
Et de conclure en rappelant que le «Laboratoire Don Sen Folo» est «une promesse, un rêve en construction». Que chacun apporte alors sa pierre à l’édifice !

Source : L’ESSOR

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