Le samedi 30 juillet 2016, aux environs de 11 h, en plein déguerpissement, la tension monte entre les agents de sécurité et les manifestants mécontents au grand marché de Bamako. Pour montrer leurs désagréments, des manifestants procèdent à barrer les passages par des pneus en feu et des objets qui ne permettent pas de circuler sur les artères. Les agents de sécurité s’engagent à disperser la foule par des gaz lacrymogènes, des tirs en l’air. La foule se disperse, affolée par ces moyens utilisés par les agents de sécurité, un porteur d’uniforme tire sur un homme qui fuyait.
Le samedi matin aux environs de 11 h le grand marché de Bamako est animé par le feu sur les routes, respire du gaz lacrymogène et ouïe de crie de la foule assaisonné par des tirs d’armes.
Depuis sa nomination comme gouverneure de la ville de Bamako, Ami KANE continue de montrer sa détermination à rendre Bamako une ville propre. En effet, la nouvelle gouverneure (NDLR : 2ème femme à occuper ce poste après Mme Sy Kadiatou Sow), pour concrétiser sa volonté, mobilise des agents pour détruire les installations qui ne répondent pas aux normes de l’urbanisation. Cette opération ne passe pas sans conséquence.
Pour effet, des occupants frustrés par cette action, se mobilisent brutalement en mettant du feu sur des artères au centre du grand marché de Bamako. L’action est pour les pyromanes de manifester leurs désagréments. Ces derniers, au cours de leur manifestation, affrontent des agents de sécurité qui veulent éteindre le feu par le feu. Se faisant, les agents de sécurité usent du gaz lacrymogène, des tirs en l’air, etc. La foule s’affole et chacun cherche à se mettre à l’abri.
Le feu brûle à toutes les intersections, les routes sont barrées par des cailloux, des bâtons et d’autres objets qui entravent la circulation. Les hommes de la gouverneure pourchassent les manifestants jusqu’à leurs refuges. Pendant que la foule désorientée fuit aux assauts lancés par des agents, un porteur d’uniforme tire sur un homme en train de fuir. Aux dits des témoins oculaires, avant de tirer, l’agent demande à l’homme de s’arrêter. Celui-ci, face à plusieurs hommes armés, tente de s’échapper et donc M. l’agent tire sans pitié sur un père de famille qui tentait de se sauver.
Parmi les manifestants, Nagnouma DOUMBIA 78 ans, demande à la gouverneure de penser à eux. Combien d’hommes et de femmes cherchent leurs gains quotidiens, nourrissent leurs familles à ces places depuis des années, s’interroge-t-elle. Certes nous sommes installés sur des places illégales, ce n’est pas la bonne manière de nous faire quitter ces places. Qu’elle ne gaspille pas notre argent, avance-t-elle. Un vieux renchérit les propos de Mme DOUMBIA en s’exprimant que ces lieux sont occupés depuis 20 ans alors un jour ne suffit pas pour les quitter. Selon lui, le procédé est mal choisi encore moins la période puisque, dit-il, nous sommes en hivernage.
Certes, ces installations ne répondent pas aux normes de l’urbanisation, mais, dans un pays comme le nôtre où le chômage est en plein essor, la pauvreté est à la mode et la vie chère de jour en jour, est-ce le moment d’un tel acte ?
L’acte qui se solde non seulement par le désagrément mais aussi jusqu’à blesser les manifestants par balle réelle n’est-il pas à éviter ?
Quoi qu’il en soit, Ami Kane est en train de déguerpir, la population avertit et se mobilise pour d’autres actions plus vigoureuses.
Yacouba TRAORE
Stagiaire
Source : Zénith Balé