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Bamako sur une poudrière ?

Le tableau dépeint par Mme le ministre de l’Energie et de l’Eau, Bintou Camara, à regarder à la loupe, dépasse de loin des actes frisant uniquement la cupidité des acteurs mis en scène (fonctionnaires et agents, opérateurs économiques, transporteurs). L’état des lieux dépasse également la stature d’une simple organisation mafieuse assimilable au crime organisé, entreprise aux visées économiques pour seulement amasser de l’argent et s’amuser.

Loin s’en faux, des individus sains d’esprit qui s’organisent en réseau, si efficacement pour entreprendre de ruiner, d’une telle ampleur, doivent certainement avoir leur petite idée derrière la tête; un projet de mise à genou de l’Etat, suivi de déstabilisation des institutions?

L’électricité sans doute est devenue une question de survie, avant d’être celle de développement économique et sociale. Sans électricité, aujourd’hui, c’est tout simplement la programmation de la mort de l’économie et des vies humaines. La vaillante ministre Babintou a été assez modeste dans sa description de ce qui s’apparente au crime organisé, et qui ne date pas d’hier. Ces crimes qui existent et sont entretenus depuis des décennies, pourraient avoir servi à financer des campagnes électorales, à arroser en cercle fermé des réseaux corrompus. Ils occasionnent de graves violations des droits des Maliens à un environnement de quiétude et de bien être. Le gouvernement de transition a l’obligation d’y mettre fin, identifier toutes les ramification et les bandits en col blanc pour qu’ils répondent de leurs actes.

Quelle est la destination de cette manne financière issue du détournement des citernes et des facturations, évaluées à des dizaines de milliards? Pendant que le manque d’électricité détruit les économies des menages, par le chômage des metiers comme les imprimeries, les ateliers de soudeurs, de broderie, de tailleurs, de vendeurs de glace, de poissons et autres, où va la masse d’argent amassé? Que prépare -t-on contre la république?

Y a-t-il une pernicieuse entreprise de déstabilisation économique et politique du Mali, un pays en transition? Non content d’avoir les forces étrangères hors du Mali, avec une marge de manoeuvre réduite, Macron n’a-t-il toujours pas dit son dernier mot dans sa volonté de réduire la junte malienne? Ainsi une chute économique au niveau macro et micro, faute d’électricité, entraînerait certainement la chute du pouvoir de transition à Bamako, se dirait – on certainement à Élysée. La situation à l’EDM mérite d’être bien diagnostiquée et analysée sous tous les angles, y compris celui séditieux.

Après les entreprises terroristes sous le vocable djihadiste, les sanctions de la CEDEAO et les subtiles malices incitatives du président Emanuel Macron, à la violence contre le Mali, faute d’avoir pu obtenir le soulèvement populaire des Maliens contre leurs dirigeants, ce ne serait pas surprenant d’être confronté à des manœuvres venant de l’intérieur pour provoquer une implosion inattendue.

Si ces coupures étaient pour payer un effort de guerre contre le terrorisme, pour la sécurisation de l’ensemble du territoire par les FAMa, clairement exprimé et transparent, à l’aune de l’offensive qu’elle mène actuellement y compris dans la région de Kidal, les Maliens souscriraient volontiers, chaque Malien étant assimilable à un soldat prêt à consentir au sacrifice suprême pour que notre pays reste un État souverain, démocratique et républicain. Mais présentées comme résultant d’actes crapuleux ou criminels, cette situation déshonorante découlant de la description du ministre, traduit un grand malaise dans la gouvernance sur tous les plans: politique, économique, sécuritaire.

On se dit que si le détournement de sa destination de plusieurs citernes peut s’opérer si aisément à Bamako, ainsi que les surfacturations qui l’accompagnent, alors beaucoup d’autres choses, les unes mauvaises que les autres qu’à Dieu ne plaise, seraient dans l’ordre du possible. Le climat de far-west qui nous est offert de voir à l’EDM, nous donne l’impression de vivre dans une ville assise sur une poudrière. Le Mali ne doit pas perdre la bataille qui honore l’Afrique et le monde entier: les reformes politiques, institutionnelles, sécuritaires. Ces reformes nous valent de faire librement le choix de nos partenaires stratégiques, en respectant les intérêts du peuple malien.

Les autorités maliennes doivent se ressaisir rapidement. La guerre de sécurisation dans la région de Kidal ne doit pas se traduire par un relâchement à Bamako. La bataille pour la souveraineté de la patrie peut encore prendre des années. Alors il faut sécuriser les ressources disponibles, pour avancer: assainir sans ménagement!

B. Daou

Le Républicain

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