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«Bachar al-Assad va rester au pouvoir en Syrie»

Alep est sur le point d’être repris par le régime syrien. Un tournant, selon Bertrand Badie, professeur des universités à Sciences-po Paris.

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Après cinq mois de combats, le régime de Damas est sur le point de contrôler la ville d’Alep. Après une courte trêve, les troupes de Bachar al-Assad et ses alliés russes, renforcés des milices chiites iraniennes et du Hezbollah libanais, ont repris leurs bombardements contre les rebelles assiégés dans leur dernier carré avec des dizaines de milliers de civils. Depuis le début de l’offensive, près de 410 civils ont été tués à Alep-Est, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Au moins 105 civils, l’ont été à Alep-Ouest resté sous contrôle gouvernemental, et quelque 50 000 personnes sont en fuite. Bertrand Badie*, professeur à Sciences-po Paris, nous explique en quoi il s’agit d’une étape essentielle dans le conflit.

 

La prise d’Alep marque-t-elle un tournant ?

Bertrand Badie. Absolument. Symboliquement, Alep est la grande métropole de la Syrie du Nord, l’ancienne capitale économique et, avec Damas, un des pôles de la société syrienne. Stratégiquement, cette prise renverse la donne en isolant les poches dispersées de ce qui reste de la résistance syrienne alors qu’il y a quelque temps, c’était le gouvernement de Damas qui était assiégé. Là, les axes vers le nord et l’ouest sont ouverts et il sera plus facile de venir à bout des dernières poches de résistance. Enfin, politiquement et diplomatiquement, jamais une offensive n’avait été à ce point articulée entre toutes les composantes de la coalition autour d’Assad.

Qui Bachar al-Assad combat-il, les islamistes ou les opposants à son régime ?

Il faut être prudent et rigoureux. Le mouvement amorcé en mars 2011 est porté par une révolte contre le pouvoir, très vite alimentée par la répression de Damas. Mais, on ne peut nier que ces mouvements populaires aient été relayés voire organisés par des milices armées par des puissances régionales telles que l’Arabie saoudite ou la Turquie. Une fois le groupe Etat islamique constitué, la frontière avec les organisations islamistes combattantes comme Al-Nosra sont devenues de plus en plus évanescentes. On retrouve donc, face à Assad, des combattants de sensibilité islamique avec les résistants. Cela rend la situation très complexe.

 

Les Occidentaux peuvent-ils encore refuser de négocier avec Assad ?

En refusant de négocier, les Occidentaux ont préparé leur défaite diplomatique. D’autant plus que, contrairement à Assad qui a comme alliés la Russie et l’Iran, les Occidentaux, et surtout les Européens, ne peuvent s’appuyer dans la région sur aucun Etat ou organisation vraiment constitué. Leurs alliés naturels, la Turquie et l’Arabie saoudite, ont leurs propres jeux complexes et autonomes. Mais si prendre le dessus militairement est une chose, construire un avenir politique pour la Syrie est autre chose.

 

C’est-à-dire ?

A court et à moyen terme, Assad, aidé par Moscou, va probablement rester au pouvoir. Mais, et c’est la leçon de tous les conflits depuis 1945, une victoire militaire n’apporte plus la certitude d’une recomposition politique. Ecraser une révolte populaire sans résoudre les problèmes sociaux qui en sont à l’origine est la meilleure façon pour que cette révolte s’installe et s’exprime ailleurs.

 

* Auteur de « Nous ne sommes plus seuls au monde » (la Découverte).

  Le Parisien

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