Depuis sa naissance en 1992, le Mouvement rastafari du Mali (Mourasma) participe chaque année aux activités commémorant le 11 mai date anniversaire de la mort de Bob Marley. En prélude à la célébration de cette année, nous avons approché le vice-président du Mourasma, Baba Diarra dit Ras Babina, qui place l’événement sous le signe de la conscientisation de la jeunesse pour le respect du code de la route afin de venir à bout des accidents de la circulation.
Le Républicain : Qu’est-ce que le Mourasma ?
C’est le Mouvement rastafari du Mali.
Quand est-ce que ce mouvement a été créé ?
Le Mouvement rastafari du Mali (Mourasma) est une association née en février 1992 et il a un récépissé enregistré au journal officiel. On sortait des évènements du 26 mars 1991. La jeunesse avait soif de la liberté. Elle avait envie de pouvoir s’exprimer. Les rastas existaient déjà au Mali, mais l’opportunité de pouvoir créer des associations est venue surtout après les évènements du 26 mars.
Quels sont les objectifs du Mourasma ?
Le Mourasma a plusieurs objectifs. On peut citer : la défense de la culture malienne, la défense de la restauration de l’histoire du Mali. Vous savez que ceux qui sont venus nous colonisés, ont falsifié l’histoire. Ils ont raconté les choses en leur faveur. Le Mourasma a été créé pour conscientiser la jeunesse, pour défendre la culture africaine en général. En créant le Mourasma, nous avons voulu créer d’abord un Mouvement rastafari pour l’Afrique, mais un problème de récépissé s’est posé à ce niveau. On nous a dit qu’on ne peut pas nous garantir en dehors des limites du Mali. Alors on a préféré adopter le Mouvement rastafari du Mali. Donc c’est une association supranationaliste. Notre influence va au-delà du Mali. C’est toute l’Afrique et partout où on peut trouver des noirs. Nous sommes nationalistes, nous sommes panafricanistes. C’est pour cette raison que nous défendons l’intérêt des noirs partout où ils se trouvent. Nous défendons la culture. Nous défendons l’Afrique sur le plan linguistique, sur le plan culturel, sur le plan diététique. Je veux parler de tout ce qui peut mettre en valeur l’Afrique en général surtout au niveau de l’histoire. Quand le Mourasma a été créé, nous avons organisé plusieurs rencontres pour faire comprendre aux peuples africains que l’histoire est d’abord africaine. L’histoire a commencé en Afrique, contrairement à ce qu’on nous dit. L’Afrique est le berceau de l’humanité. On s’est référé sur les ouvrages de Cheick Anta Diop, pour le dire. Jusqu’à une certaine époque, on disait que l’histoire a commencé en Mésopotamie dans les livres d’histoire alors que cela était faux. L’histoire est d’abord africaine et cette histoire a commencé en Egypte ancienne, le berceau de l’humanité. Tout le monde le sait. Il a fallu des études très poussées, surtout les révélations de Cheik Anta Diop pour que nous puissions nous rendre compte que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Donc l’association travaille à pouvoir donner la fierté à tous les africains. Les objectifs de l’association sont innombrables, mais comme Marcus Mosiah Garvey l’a dit : « Faisons de l’Afrique l’étoile qui nous guide ». Cela résume les objectifs du Mourasma.
A quand remonte la commémoration de la disparition de Bob Marley ?
Bob Marley est mort un Mardi 11 mai 1981 à 11 heures 45 minutes dans un hôpital à Miami. Depuis cette époque tous ceux qui ont aimé la musique de Bob Marley, qui ont adulé la musique de Bob et qui ont aimé ses idées ont pris le temps et arrivent à se rassembler chaque 11 mai pour rappeler, pour parler de l’homme en général qui est devenu une icône pour tous les africains, pour tous les grands mélomanes de part le monde. Et depuis au Mali, quand le 11 mai se rapproche les gens se réunissaient au Centre culturel Français pour organiser un concert donc c’étaient des initiatives spontanées. Nous avons compris à partir de 1992 qu’il fallait prendre cela en compte parmi les événements que le Mourasma célèbre. Le Mourasma commémore la disparition de Malcome X, de Marcus Mosiah Garvey, d’Haïlé Sélassié et de Peeter Toch qui était l’un des compagnons de Bob Marley. Bob Marley est considéré comme le Pelé du reggae. On lui a dit qu’il est le pape du reggae, mais lui-même a dit qu’il préfère être le pelé du reggae, tout cela pour mettre l’accent sur le côté africain. Depuis 1993, ces mouvements ont commencé au Mali avec d’abord l’organisation d’une conférence de presse pour parler de la vie de Bob Marley et puis un méga concert qui va réunir tous les artistes qui font le reggae au Mali.
Quelles sont les activités du Mourasma pour l’édition de cette année ?
Cette année, nous organisons une conférence débat en partenariat avec l’ANASER (Agence nationale de la sécurité routière), et la SONAVIE, le vendredi 9 mai prochain sur le thème : « Vaincre la fatalité de la route par un changement de comportement » à la médiathèque de Médina en face de l’ECICA. Les accidents dus à la circulation sont de plus en plus nombreux actuellement. Nous avons décidé d’organiser cette conférence pour sensibiliser la jeunesse afin qu’elle puisse respecter le code de la route et de circuler dans la prudence et surtout dans la patience. Le samedi 10 mai, il aura aussi un méga concert de 21 heures à l’aube au stade Ouénzin Coulibaly qui va réunir beaucoup de jeunes artistes pour rendre hommage à Bob Marley.
Avez-vous un appel à lancer à tous les rastafari du Mali ?
Je demande à tous les jeunes rastas de venir commémorer Bob Marley, de venir rendre hommage à cet illustre africain qui a dit qu’il a commencé en pleurant. C’est vrai, il a connu les affres, les durs moments de la vie dans les ghettos avant de pouvoir émerger. Quand il a émergé, il a été l’un des grands humanistes en la matière parce qu’il avait plus de 200 personnes à sa charge. En plus de cela, il a organisé de nombreux concerts et les recettes sont allées à de bonnes causes comme par exemple : pour l’association de lutte contre l’apartheid et il a participé aux festivités de l’indépendance de Zimbabwé en louant un Boeing pour transporter ses matérielles de musique qui lui a couté ¼ de million de dollar. Il a fait tout cela pour la cause de l’Afrique. Même en Jamaïque, il s’est beaucoup battu pour les droits humains. Il s’est aussi battu pour que la culture africaine puisse prospérer. Je pense que c’est le moment ou jamais pour les rastas de venir s’exprimer.
Propos recueillis par Moussa Dagnoko
Source: Lerepublicainmali