Nous l’avions dit en son temps : Oumar Mariko croit dur comme fer qu’il accédera au pouvoir par un coup d’état dont il fait l’apologie au mépris de la Constitution du Mali qui qualifie le coup d’Etat de crime imprescriptible. C’est donc se considérer comme un criminel que d’assumer être le concepteur du putsch de 2012 avec Amadou Haya Sanogo. En effet, lors de sa dernière sortie en date, en début de semaine, notamment au niveau de la conférence-débat Carrefour d’opinion «Faso Baro» organisé par le Réseau des jeunes pour la paix au Mali (Rjpm) où il était l’invité, Oumar Mariko a encore révélé qu’il était derrière celui du 22 mars 2012 et qu’il devait, après une transition de 18 mois, être imposé comme président de la République, suite à une parodie d’élection présidentielle. Est-on encore dans un pays de droit ?
Oumar Mariko, un criminel en balade
Au cours de cette conférence-débat «Faso Baro», Oumar Mariko s’est déchaîné, comme s’il était dans un meeting de campagne électorale. Mais ses propos sont si graves que ceux qui ont pu l’enregistrer commencent à les faire circuler dans les téléphones pour permettre aux gens de l’écouter et d’en apprécier la portée. Oumar Mariko s’est prononcé sur les conditions du départ de son parti, Sadi, de la Majorité pour créer un groupe parlementaire, la mise en œuvre de l’Accord de paix, la réforme de l’Armée, la situation politique et sécuritaire du pays.
A l’occasion, il a fait l’apologie du coup d’Etat, rappelant qu’il ne condamne ni ne regrette pas celui du 22 mars 2012 qui a renversé le régime du Président ATT. La seule chose qui lui tient à cœur et qu’il a tenu à affirmer haut et fort, c’est désormais son antipathie vis-à-vis du capitaine-général Amadou Haya Sanogo qui a faussé son plan parce que le chef putschiste n’a pas pu gérer l’après coup d’Etat comme prévu. En effet, pour Mariko, Sanogo «était tellement manipulé» qu’il ne savait plus ce qu’il devait faire. Et Mariko d’ajouter, sarcastique : «C’est pourquoi il s’est retrouvé en prison, mais nous nous battrons pour l’en sortir, mais pas pour qu’il joue un quelconque grand rôle dans le pays»
En réalité, Mariko est fâché contre Amadou Haya Sanogo qui «n’a pas respecté ses engagements» notamment dissoudre l’Assemblée nationale pour mettre à la place «un conseil national de transition» et former un gouvernement avec un des leurs comme Premier ministre à la tête d’un « gouvernement de 17 membres choisis parmi les partis politiques qui étaient dans la dynamique de changement». Pour Oumar Mariko, c’était pour conduire une transition de 18 mois, pendant laquelle il fallait «refaire le fichier électoral et organiser des élections pour qu’il devienne président de la République», a-t-il affirmé.
En plus, révèle-t-il, «on devait créer une commission pour négocier un cessez-le-feu avec ceux qui ont pris les armes au nord du pays». Et, précision importante, c’est lui qui devait présider cette commission. Ce qu’il a d’ailleurs fait parce que la junte de Sanogo lui avait aménagé les conditions de se rendre au nord du pays pour y rencontrer des représentants d’Iyad Ag Ghali. C’est la preuve de l’existence de ce plan dont parle Oumar Mariko. La tentative de création d’un conseil national de transition a eu lieu, après que Sanogo eût déclaré la dissolution de l’Assemblée nationale, rétablie suite aux négociations des putschistes avec la Cédéao. Un grand complot contre le Mali selon lui !
Nous l’avions dit en son temps : Oumar Mariko se trouve mêlé dans tous les coups fourrés tendant à déstabiliser l’Etat bien avant même le coup d’état de mars 2012. En effet, Oumar Mariko a sa main même dans la fameuse marche des femmes de Kati sur le palais de Koulouba pour réclamer à ATT des armes pour leurs maris et frères du camp Soundiata afin qu’ils aillent combattre au nord du Mali. ATT était tombé dans le piège car les armes amassées par les militaires de Kati devaient en fait servir pour le coup d’Etat qui a renversé son régime.
En fait, comme le révèle Oumar Mariko lui-même, un plan démoniaque était mis en place pour instrumenter le mécontentement des sous-officiers de Kati – que lui-même attisait- pour parvenir à ses fins. En d’autres termes, après leur putsch, ce groupe de sous-officiers allait lui ouvrir la voie vers la Présidence de la République au détour d’une parodie d’élections, après une transition de 18 mois.
L’on comprend aussi pourquoi le même Oumar Mariko avait mobilisé des badauds transportés à l’aéroport de Bamako pour empêcher l’atterrissage de l’avion qui transportait des chefs d’Etat de la Cédéao avec comme tête de file Alassane Ouattara, en ce temps-là président en exercice de l’organisation sous régionale. Mariko savait qu’ils venaient pour tenter de convaincre Haya et compagnie d’accepter le retour de l’ordre constitutionnel. Ce qui ne l’arrangeait pas du tout.
De la même manière, l’on comprend aussi la tentative d’installation au forceps d’un conseil national de transition, à travers des assises convoquées au Centre international de conférence de Bamako (Cicb) et le drame qui en est suivi, la tentative d’assassinat du Président de la transition.
Pendant et après la transition, Oumar Mariko a été cité ans plusieurs autres dossiers où il y a eu mort d’homme, comme les deux étudiants tués par des éléments de la police du Cnrdre d’alors et qui étaient pratiquement sous ses ordres, ainsi que l’attaque de chez l’ex-président Alpha Oumar Konaré où le téléphone de l’adjudant de police qui menait les assaillants, tué dans l’assaut, avait parlé, révélant qu’entre les deux attaques de la résidence de l’ex-chef d’Etat dans la même nuit, il a eu à communiquer à plusieurs reprises avec Oumar Mariko. En plus, il y a la tentative de coup d’Etat avortée contre l’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita et dans laquelle était impliquée le lieutenant Béret rouge Mamadou Lamine Ouattara et un sous-officier Béret vert, un certain Amara Sylla, qui était garde du corps affecté par le Cnrdre à Oumar Mariko. Il conduisait en plus le véhicule de Mariko jusqu’au moment de son arrestation.
Même si la justice le blanchit dans certaines de ces affaires, ses déclarations d’aveu comme celles tenues à carrefour d’opinion «Faso Baro» font encore douter de son innocence. Surtout encore sa proximité avec les auteurs présumés de tous ces actes regrettables.
Autant de souvenirs douloureux pour le Mali ainsi agressé, violé, outragé et dont le seul Oumar ose sen déclarer fier parce qu’assumant être un des grands auteurs de la rupture de l’ordre constitutionnel.
Dans un pays sérieux, on lui aurait rappelé que force reste à la loi. Mais avec l’impunité qu’on lui garantit pour qu’il ose, pour un oui ou non bomber le torse et se glorifier d’être un cerveau d’un crime contre le Mali, tel que le prévoit la constitution, on aurait dit : farce reste à la loi.
Mais des déclarations du député, dépité devrions-nous même dire, il ressort beaucoup d’interrogations. La première, si la junte était en mesure d’organiser des élections pour faire gagner Oumar Mariko, à défaut du patron de Sadi, pourquoi un autre candidat soutenu par Sanogo est passé. Qui a pipé les dés ? Oumar Mariko a de quoi être aigri aujourd’hui contre l’actuel locataire de Koulouba qui lui a, en fait brûler la politesse.
De toute façon, selon l’adage, il n’y a jamais deux sans trois. Mariko reste un des grands acteurs des coups d’Etat contre Moussa Traoré et ATT. C’est alors à IBK de faire attention et de se rappeler les propos de feu Général Sada Samaké à Mariko lors d’une de ces nombreuses interpellations à l’Assemblée nationale par le député élu à Kolondiéba : «Je sais pourquoi tu t’acharnes sur moi, mais tant que je serai-là, il n’y aura pas de coup d’Etat». Tout un programme !
A.D.
Source: sphynx