La chanteuse Fatoumata Kouyaté, dite Tata Bambo Kouyaté est morte lundi 14 juin à 71 ans. Elle devait son surnom, « Bambo », à sa chanson la plus célèbre, composée dans les années 1960, alors qu’elle était à peine adolescente.
Fatoumata Kouyaté n’a que 12 ans, en 1962, quand elle compose « Bambo ». Un titre remarqué, où elle dénonce les mariages forcés. Fille de Djéliba Kouyaté, un célèbre joueur de n’goni, elle chante déjà dans les mariages et baptêmes. Mais cette chanson va lui servir de rampe de lancement. Elle intègre l’Ensemble instrumental du Mali.
En 1978, désormais surnommée Tata Bambo Kouyaté, elle se lance dans une carrière solo qui la conduira aux quatre coins du monde. Quelques années plus tard, elle enregistre une première cassette, puis un premier album international, Djely Mousso en 1988, chez Syllart Productions.
À l’époque, Tata Bambo est l’une des premières griottes à chanter avec la voix amplifiée par un microphone, accompagné de son mari, Mobibo, à la guitare électrique. « Le micro a changé ma façon de chanter, expliquait-elle en 1989 à la BBC venue la filmer en train de chanter et danser parmi l’assistance. Avant, la griotte restait assise par terre. »
Dépoussiérant le style des chanteuses du Mali, Tata Bambo Kouyaté aura ouvert la voie aux plus jeunes, inspirant de nombreuses chanteuses comme Kandia Kouyaté ou Naïny Diabaté.
« Le Mali vient de perdre l’une de ses plus belles voix »
Mory Touré, promoteur de Radio Africa et correspondant de Radio Africa au Mali, se souvient d’une bête de scène, qui aura révolutionné la musique malienne post indépendance. « Tata Bambo est venue avec quelque chose de particulier dans sa voix, quelque chose de particulier dans sa manière de faire, raconte-t-il. Et Tata Bambo, d’aucuns diraient que c’était une show woman. Elle avait envoyé quelque chose de nouveau, car il ne faut pas oublier que la musique mandingue, la musique des griots, c’était des louanges, c’était pas mal de choses. »
« Au-delà-de cela, dit encore Mory Touré, elle a envoyé la danse et elle a envoyé le show, c’était ça quand elle sortait, elle haranguait la foule au-delà de chanter, de faire des louanges. Donc c’est un peu cette façon particulière qui avait donné une autre notoriété à Tata Bambo au-delà de ses envolées vocales. C’est cela que nous allons retenir. Tata Bambo reste l’une des dernières des Mohicans, des grandes griottes, pour ne pas dire des grandes voix de la musique mandingue que nous avons perdue. Parce qu’il faut dire que, après l’indépendance, ça a été les premières grandes chanteuses qui avaient complètement édifié les mélomanes. Le Mali vient de perdre l’une de ses plus belles voix. »
RFI