L’article 31 de l’avant-projet de la constitution du Mali remis au Président de la transition le Colonel Assimi Goita a provoqué une secousse au sein de l’opinion nationale. Le point saillant de cet article est la possibilité pour l’Etat malien d’adopter, par la loi, toute autre langue étrangère comme langue d’expression officielle.
Remis au Président de la transition ce 11 octobre 2022, cet avant-projet de la nouvelle constitution malienne en son article 31 demeure sur toutes les lèvres. Entre ces lignes, on peut lire : « les langues parlées au Mali par une ou plusieurs communautés linguistiques font partie du patrimoine culturel. Elles ont le statut de langues nationales et ont vocation à devenir des langues officielles. La loi fixe les modalités de protection, de promotion et d’officialisation des langues nationales. Le français est la langue d’expression officielle. L’Etat peut adopter, par la loi, toute autre langue étrangère comme langue d’expression officielle ».
De prime abord, l’Etat reconnait le français comme ‘’la langue d’expression officielle’’ pour autant des spéculations enflent dans la capitale Malienne. Certains voient derrière cet article la volonté du gouvernement d’abandonner la langue française non pas au détriment d’une autre langue étrangère mais plutôt du Bambara. A noter que cette langue nationale du Mali est communément parlée par plusieurs personnes mais des dizaines d’autres langues sont aussi employées à l’intérieur du pays.
Divergences d’opinions
Cette nouvelle enflamme la capitale car les avis sont partagés sur cette question. Certains estiment qu’il ya d’autres choses à faire que de vouloir changer de langue. BK pense en effet que c’est un faux débat. « Cette idée de vouloir changer de langue est vraiment bidon. Comment dans ce contexte d’insécurité totale la seule chose qui les intéresse est le changement de langue ? Ceux qui partagent cette idée ne savent pas ce qu’ils racontent. Cette procédure va prendre des années et rien ne garantit que cela puisse réussir. Les Bamakois pensent à tort que le Bambara fait l’unanimité, mais ils se trompent amèrement. Pour l’instant, on doit se consacrer sur d’autre choses et renouer les liens avec nos voisins que de vouloir nous appesantir sur cette farce » fustige-t-il.
Boubacar Coulibaly pense le contraire. « Selon moi, il est temps de définitivement tourner la page avec la France. Toutes nos contraintes sont liées à ce pays. En outre si on parvient à changer de langue, cela donnera beaucoup plus de valeurs à notre langue locale. Inutile de rappeler que le Bambara s’il est choisi en lieu et place du français est largement parlé un peu partout au Mali. On aura juste à faire quelques réajustements sur le plan éducatif et ça va passer comme un couteau dans du beurre. D’autre pays l’ont fait et ça leur a réussi alors pourquoi pas le Mali ? Je soutiendrai cette idée de toute mes forces et je plaide en faveur de cette nouvelle loi qui nous mettra en valeur » rétorque-t-il.
Briser tout lien avec la France
Cette nouvelle donne suscite un certain nombre de questions. Bien que rien n’est encore officiel, de nombreuses personnes pensent que c’est bien le Bambara qui serait la langue par excellence pour remplacer le français. Cependant, qu’est ce qui a amené les auteurs de cette nouvelle constitution à opter pour une telle mesure ? Tout porte à croire que le bras de fer engagé avec la France y est pour quelque chose. Avec l’arrivée du nouveau partenaire Russe, les choses se sont encore compliquées avec l’ancienne puissance coloniale qui se retrouve d’emblée dans l’œil du cyclone.
ASK
Source: Le SOFT