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AUDIENCE PUBLIQUE DE LA CVJR : L’armée accusée de génocide par deux rescapés de Kel Souk

Lors de la 2e audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), deux survivants de massacres de Kel Souk dans le cercle de Gao, ont fait des témoignages accusant l’armée malienne d’avoir rasé le village au cours d’une expédition punitive, le 23 octobre 1994.

 

Les deux survivants et victimes de cette barbarie sont Ahmed Ag Zhinoudine et Ahmed Mohamed Ag Alhadj ressortissants du village Kel souk dans le cercle de Gao. Selon les témoignages de ces deux victimes tout allait bien au village situé à 3 km de la ville de Gao jusqu’à l’éclatement de la rébellion en 1991.

« A cause de la sècheresse, nous nous sommes installés à 3 km de Gao. Nous étions 3 fractions. Tout allait bien jusqu’à la construction des medersas. Mon père était un grand marabout qui avait plusieurs élèves coraniques. Mais tout a basculé quand la rébellion éclata en 1991 », dira Ahmed Ag Zhinoudine.

Malgré l’assurance du chef d’état-major de l’armée et le chef régional de police à l’époque, ce qui devait arriver arriva. « Un dimanche 23 octobre 1994 vers le matin, une voiture remplie de gens qu’on ne connaissait pas a traversé le village avant de retourner à Gao. Quelques heures après, l’armée a encerclé le village avec plusieurs véhicules remplis des militaires, des BRDM. Aussitôt, les militaires ont commencé à arroser les habitants avec le feu. Quand ils sont arrivés au niveau de la maison de mon père, les talibés lisaient le Coran. Les militaires ont pris mon père vieux et marabout. Ils l’ont bastonné avant de le cribler de balles », explique la victime.

Ahmed Ag Zhinoudine va loin en annonçant que : « Comme cela ne suffisait pas, ils ont tué tout ce qui étaient autour de lui avant de les brûler. Ils ont continué jusqu’à la maison du fils du nom de Almoudou. Ce dernier était aussi avec ses petits frères. Ils ont été attachés par leurs turbans (larmes) avant d’être tués. Malgré les supplices des femmes, l’armée a tué publiquement des gens ».

Il déplore la manière cruelle dont ses frères ont été tués. « Au moment des faits, j’étais un enfant avec un grand frère. Ce dernier a été violemment jeté contre le mur par les militaires. Il est mort suite à ses blessures à la tête », déplore la victime.

Il précise également qu’au moment des faits, les militaires ont fait un tri, les peaux noires d’une part et les peaux blanches d’autre part avant de tuer les blanches. « Les femmes ont été aussi tabassées, mais d’autres ont été tuées. Vers le soir, les militaires sont venus tuer les gens dans la mosquée. Le village a complètement été rasé de la carte par l’armée malienne », renchérit Ahmed Ag Zhinoudine.

Selon lui, les rescapés ont pris la fuite vers le Niger sans effets, ni nourriture, ni eau. « Certains d’entre eux sont morts de faim en cours de route. Dans la nuit, les enfants pleuraient toute la nuit. Une fois au Niger, les survivants ont été pris comme des réfugiés. Après plusieurs années de séjour au Niger, ils sont retournés au Mali, précisément dans la région de Gao », déclare la victime.

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