Dans les rues de Harare, la capitale zimbabwéenne, des vendeurs se pressent aux feux rouges munis de drapeaux aux couleurs du pays et de portraits bien encadrés de Robert Mugabe. Ce mardi, Chalton Hwende, membre du parti d’opposition MDC (Mouvement pour le changement démocratique), a posté sur son compte Twitter les photos d’un petit groupe d’hommes brandissant des pancartes où il y est écrit : « Nous voulons du travail, pas une fête », « Mugabe et son régime doivent tomber ».
Cette manifestation d’une dizaine de personnes a été organisée par la ligue de la jeunesse MDC, mardi 23 février, à Masvingo, future ville hôte de la célébration publique des 92 ans du président (né le 21 février 1924). Située à une centaine de kilomètres de Harare, la région de Masvingo est en proie à une grave sécheresse depuis le mois de décembre, « plus de cinq mille bêtes sont déjà mortes à cause du manque d’eau et de pâturage », assure Godfrey Kanyenze, chercheur en économie, qui ajoute que « seul 5 à 10% de la population possède un emploi rémunéré et officiel ».
Au menu du banquet
Pupurai Togarepi, chef de la ligue des jeunes de la Zanu PF (au pouvoir), balaye les critiques et les griefs des opposants. Interrogé par la presse nationale, il a estimé que cet événement « n’a rien à voir avec l’argent, il s’agit de la reconnaissance de l’incroyable histoire de notre président (…) ».
Au menu du banquet, au moins 60 bêtes fraîchement abattues et un gâteau de 92 kilos seraient prévus pour le jour J. De son côté, Togarepi assure que « 300 kilos de bœuf et des centaines de kilos d’animaux provenant des réserves seront proposés comme l’année dernière aux 50 000 personnes attendues… »
Dans les couloirs du quartier général de la Zanu PF à Harare, des jeunes gens s’agitent en vue des préparatifs, un homme en costume cravate assis derrière son bureau soutient que « tout le monde est le bienvenu, tant que tu n’apportes pas d’armes à feu », il sourit également sur la possibilité de manger de l’éléphant comme l’année dernière… « Je ne vois pas en quoi c’est un scandale, ici au Zimbabwe, cela se fait ! »
Source: Jeune Afrique
