L’attaque a visé un quartier résidentiel de la ville d’Omdurman, épicentre ces derniers jours de la guerre civile qui a fait 3 000 morts et trois millions de déplacés depuis mi-avril.
C’est l’une des attaques les plus meurtrières depuis le début, mi-avril, du conflit sanglant qui oppose l’armée régulière soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux miliciens des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemetti. Tôt samedi, une frappe aérienne près de la capitale Khartoum a fait au moins 22 morts et de nombreux blessés, selon le ministère de la Santé.
L’attaque a eu lieu dans un quartier résidentiel de Omdurman, la plus grande ville du Soudan, située en face de la capitale, de l’autre côté du Nil. Selon des témoins interrogés par la BBC, des femmes et des enfants font partie des victimes.Dans la méga-agglomération formée par les villes de Khartoum, Omdurman et Bahri, de part et d’autre des deux Nil, l’armée régulière ne contrôle plus que des poches urbaines très limitées, autour de son quartier général ou des sites stratégiques du ministère de la Défense. Le reste de la métropole est aux mains des hommes de Hemetti, qui se sont installés dans des quartiers résidentiels pour se protéger de l’aviation.
Route d’approvisionnement
Les FSR ont accusé samedi l’armée d’être responsable de cette frappe à Omdurman, où de violents combats ont été signalés ces derniers jours. D’après l’agence Reuters, les militaires chercheraient à fermer une route d’approvisionnement cruciale pour les miliciens, notamment pour faire venir des renforts depuis leur base du Darfour. Dans un communiqué, les FSR ont fait état d’un bilan de 31 morts et «de dégâts significatifs» sur des maisons d’habitation.
Depuis le début surprise du conflit le 15 avril, l’armée joue principalement de son atout aérien : elle est la seule à avoir des avions de combat. Les FSR, en revanche, ont implanté leurs bases de longue date dans les quartiers résidentiels et privilégient des troupes mobiles juchées sur des pick-up armés de batteries antiaériennes. Ces petits groupes ont pris possession de maisons, volé des voitures et détroussé des habitants fuyant vers les pays voisins, accusent habitants et ONG. Ils sont également accusés d’agresser et de violer des femmes, selon ces sources.
3 millions de déplacés
Alors que le terrain est quasiment impossible d’accès pour les journalistes, deux résidents de Omdurman ont dit à l’agence américaine Associated Press être incapables de déterminer quel camp était responsable de l’attaque sanglante de samedi. Si les avions de l’armée régulière ont ciblé de manière répétée les FSR dans cette zone, les forces paramilitaires ont fait usage de leur côté de drones et d’armes antiaériennes. Vendredi, des habitants de la ville ont rapporté à l’AFP «des frappes aériennes dans le secteur du siège de l’organisme public de radiodiffusion et des tirs antiaériens» en réponse.
Soudan : dans l’ombre de la guerre, des déchirements identitaires
La guerre au Soudan a fait près de 3 000 morts, plus de 2,2 millions de déplacés internes et près de 700 000 réfugiés dans les pays voisins, selon les derniers chiffres communiqués jeudi par l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies.
Sur le front diplomatique, l’Igad, le bloc de l’Afrique de l’Est, a annoncé tenir une réunion lundi à Addis Abeba, en Ethiopie, d’après son porte-parole Nour Mahmoud Sheikh al-Jumaa. Et les généraux rivaux Daglo et Burhane pourraient s’y rencontrer, a indiqué vendredi à l’AFP un responsable de l’Igad, sous le couvert de l’anonymat.
Source : liberation