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Au Sahel, l’essor du groupe État islamique complique la lutte contre le jihadisme

La mort d’un soldat français et l’attaque d’une base militaire – revendiquées par l’organisation État islamique –, le week-end dernier dans le nord-est du Mali, ont à nouveau mis en lumière les limites de la lutte contre le terrorisme au Sahel.

 

En visite au Sahel, la ministre de la Défense française, Florence Parly, ne s’attendait pas à devoir commenter la mort d’un soldat français dans la région. Mais deux jours après la perte du brigadier Ronan Pointeau, 24 ans, tué par un engin explosif au Mali, cette dernière a été contrainte, lundi 4 novembre, de prôner la “patience”, soulignant une fois de plus les difficultés rencontrées sur le terrain par les forces françaises de l’opération Barkhane et le G5 Sahel face aux jihadistes.

“Nous mettrons du temps à vaincre ces groupes qui prospèrent sur les difficultés sociales et économiques des pays sahéliens”, a estimé Florence Parly au Centre opérationnel interarmées de Barkhane, à N’Djamena, au Tchad. “C’est un combat dans lequel il faut faire preuve de patience”, a-t-elle martelé, ajoutant : “Barkhane ne s’enlise pas. Barkhane s’adapte en permanence […], il faudra encore du temps pour construire cette résilience des forces locales”.

Plus de six ans après le début de l’intervention française Serval, à laquelle a succédé l’opération Barkhane, les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali. Pire, celles-ci se sont propagées dans deux pays voisins, au Burkina Faso et au Niger. Et les attaques commises le premier week-end de novembreont montré que l’organisation État islamique (OEI) prenait de l’ampleur dans la région.

>> À lire : Un soldat français tué au Mali, le groupe État islamique revendique l’attaque

“L'[organisation] État islamique était embryonnaire au Sahel, cette branche n’étant reconnue par le groupe que dernièrement, mais avec cette attaque d’envergure, ses jihadistes montent clairement en puissance. On a pour la première fois une attaque menée par l’[OEI] qui mène à la mort d’un militaire français sur cette zone du Sahel”, souligne Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24.

L’essor de l’OEI au Sahel vient s’ajouter à la présence sur place, de longue date, d’Al-Qaïda. “Ils sont ceux sur place qui ont le plus de soutiens et le plus de moyens logistiques”, affirme Wassim Nasr, rappelant au passage qu’ils détiennent encore plusieurs otages occidentaux, dont la Française Sophie Pétronin.

L’opération Barkhane oublie l’aspect politique de la situation au Sahel

Pourtant, comme le montre la carte animée ci-dessous, les 4 500 militaires français mobilisés dans la bande sahélo-saharienne luttent intensément contre les jihadistes. “Tous les experts saluent leur performance quotidienne, opérationnelle et logistique, sur un théâtre notablement vaste et compliqué”, juge le général de corps d’armée Bruno Clément-Bollée, dans une tribune par ailleurs très critique publiée lundi 4 novembre, dans Le Monde.

Mais Barkhane, depuis son lancement, a un gros défaut, selon plusieurs experts : “L’opération porte une vision purement militaire en oubliant l’aspect politique, comme les réformes de gouvernance au Mali et la lutte contre certains groupes religieux, qui remplissent le vide laissé dans certaines régions par un État dont la légitimité n’a pas été reconstruite”, jugeait déjà, dans un entretien avec France 24 en décembre 2017, le chercheur Roland Marchal, spécialiste des conflits en Afrique sub-saharienne et aujourd’hui détenu en Iran.

Deux ans plus tard, la donne est toujours la même. “Où va-t-on au Sahel ? La question tourne en boucle dans les cabinets parisiens. Sur le sujet, autorités décisionnelles comme experts en charge des propositions stratégiques sont muets, comme tétanisés. On semble ne plus savoir quoi faire pour sortir du bourbier sahélien”, écrit Bruno Clément-Bollée dans sa tribune intitulée “Pour sortir du bourbier au Sahel, il est urgent de repenser notre stratégie”.

Résultat : les groupes terroristes font, eux, de la politique, note Wassim Nasr. “Ils profitent de la situation catastrophique au niveau économique, politique et même climatique pour recruter de plus en plus”, explique-t-il. Ainsi, au nord du Burkina Faso, “l’armée centrale est parfois vue comme un ennemi par les gens sur place et dès qu’il y a une bavure, ça profite aux jihadistes”, poursuit Wassim Nasr. Et au Mali, “les jihadistes ont été poussés dans le centre du pays et Bamako a été obligé d’armer et de former les milices locales pour faire face, détaille le spécialiste. Sauf que ces milices ont aussi leur propre agenda.”

Enfin, les pays du G5 Sahel – Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad –, force militaire conjointe censée prendre le relais de l’opération Barkhane, ne tirent pas toujours dans le même sens. “On essaie de réunir ces États africains pour combattre le jihadisme, sauf que ces États ont aussi leurs prérogatives et ont leurs propres intérêts qui ne concordent toujours pas avec ce qu’on appelle la guerre contre le terrorisme”, conclut Wassim Nasr.

Source France 24

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