Après l’assassinat de nos deux confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le samedi 2 novembre à Kidal, la France a renforcé sa présence dans la zone par l’envoi de 150 soldats, faisant passer son effectif dans la capitale des Ifoghas à quelque 300 militaires. Au même moment, c’est-à-dire le 4 novembre, l’armée malienne a fait le rappel de ses troupes par la mobilisation de 300 soldats en vue de prendre position à Kidal et d’en chasser tous les groupes armés. Les autorités ont refusé de signer l’ordre de mouvement obligeant le renfort à ne pas dépasser Gao. Encore un non-dit dans la situation ambiguë de Kidal.
Depuis quelques jours, des informations sur l’arrivée des renforts à Kidal sont relayées par une certaine presse. Après vérification, aucun renfort n’est à ce jour arrivé sur place. Cependant, le Commandant adjoint du théâtre des opérations, le Colonel Abdrahamane Baby, s’est rendu à Kidal à la tête d’une escorte de cinq véhicules. A l’entrée de la ville, des indépendantistes touaregs ont vivement réagi en dénonçant la présence de l’escorte.
Pour éviter d’embraser une situation déjà fragile, le commandant s’est vu obligé de se défaire de son escorte qui est partie l’attendre en dehors de la ville à quelques kilomètres de Kidal.
A sa sortie de la ville à la fin de sa mission, il a été raccompagné jusqu’à son escorte par les éléments du Colonel Mamary Camara.
S’agissant des 300 militaires maliens annoncés dans la ville et qui n’ont pu finalement quitter Gao pour Kidal faute d’un feu vert des autorités, ils sont issus du bataillon Elou (deuxième bataillon EUTM) et proviennent de deux échelons tactiques interarmes (ETI). Ces renforts sont prêts mais ne peuvent se déployer faute d’autorisation.
De sources concordantes, l’ordre de mouvement est sur la table du ministre de la défense Soumeylou Boubèye Maïga, qui ne l’a pas encore signé.
Toute chose qui prouve, une fois de plus, toute la difficulté que nos autorités rencontrent pour gérer le cas de Kidal.
On se rappelle que dans le courant des mois de juin et juillet derniers, un contingent malien dans le cadre de son déploiement à Kidal a été contraint par la force Serval de se débarrasser de toutes les armes lourdes qu’il possédait. Aussi un effectif de 167 soldats lui a été imposé. Des gendarmes et policiers maliens, qui devaient également suivre le contingent sur place, n’ont jamais été déployés.
Abdoulaye DIARRA