Le pouvoir de transition va expirer en mars 2024 si les autorités militaires tiennent leurs promesses d’organiser des élections générales avant cette date. Les Etats-Unis suivent de très près la situation au Sahel, une région minée depuis des années par une instabilité sécuritaire et politique. Au retour d’une visite effectuée entre le 16 et le 20 octobre 2022 entre la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, a livré ses observations sur le déroulement de la transition au Mali.
Depuis août 2020, ce pays est dirigé par une junte militaire qui promet, après six mois d’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) en 2021, suite à un deuxieme coup d’Etat contre le président de la transition Bah N’dao, un retour à l’ordre constitutionnel dans moins de vingt mois. « Nous avons rencontré des responsables électoraux au Mali. Nous avons également rencontré des militants de la société civile sur ce front, et nous avons eu des conversations très intenses avec le Premier ministre et le gouvernement. Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu vérifier, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement de respecter le calendrier convenu pour les élections en 2024 », a dit la diplomate américaine, interrogée virtuellement par des journalistes de médias africains et étrangers.
La Cédéao a levé les sanctions asphyxiantes sur le Mali en juillet dernier après avoir obtenu du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte militaire, l’engagement d’organiser la présidentielle et les législatives en février 2024. Ces élections sont censées mettre un terme à la période de transition d’ici mars 2024. Mais des doutes persistent sur leur caractère inclusif, sachant qu’une grande partie du territoire malien est occupée par des groupes jihadistes avec un nombre important de déplacés fuyant les violences terroristes. D’après Victoria Nuland, elles « ont augmenté de 30 % au cours des six derniers mois ».
Le rôle des USA dans les coups d’Etat ?
« Nous avons également exprimé notre inquiétude quant à la nécessité de veiller à ce que les élections soient pleinement inclusives. Cela est également lié à la sécurité dans tout le pays, mais aussi au fait qu’il y a maintenant beaucoup de personnes déplacées. Il va falloir les enregistrer, etc. Il y a donc beaucoup de défis à relever, mais au moins les civils responsables de l’élection semblent maintenir les préparatifs sur la bonne voie », a-t-elle précisé.
La sous-secrétaire d’Etat américaine a été interrogée également sur une opinion qui commence à se répandre sur le continent concernant certains officiers militaires ouest-africains qui, après avoir été formés par les Etats-Unis, commettent des coups d’Etat dans leurs pays respectifs.
En effet, le Malien Assimi Goïta, le Guinéen Mamady Doumbouya ou encore le Burkinabè Paul-Henri Sadaogo Damiba ont pris part au moins une fois au programme Flintlock, instauré depuis 2005 par le commandement militaire américain et qui est le plus grand exercice annuel des opérations spéciales de la première puissance mondiale en Afrique. Quelques temps après cette formation, ces officiers ont renversé des chefs d’Etat dans leurs pays avant de s’installer à la tête de juntes militaires qui tardent le plus souvent à présenter un calendrier raisonnable pour le retour des civils au pouvoir.
Mme Nuland estime que ce rapprochement est « assez tendancieux », précisant que « certaines personnes impliquées dans ces coups d’État ont reçu une formation américaine, mais pas toutes, loin de là ». Dès lors, elle invite les auteurs de telles questions à demander à ces putschistes les « raisons pour lesquelles ils renversent leur gouvernement ».
« Notre message, dans tous les cas, était que les citoyens de ces pays méritent de voir la démocratie restaurée et que, en particulier au Mali et au Burkina Faso, nous attendons de ces deux gouvernements intérimaires qu’ils respectent leurs engagements à assurer des élections avec une pleine participation d’ici 2024, comme ils se sont engagés à le faire, et nous fournissons un soutien fort à cet égard », a affirmé la sous-secrétaire aux affaires politiques des Etats-Unis, qui a visité trois fois l’Afrique dix-huit mois après sa nomination.
Source : APA