L’investiture ce lundi 7 juin 2021 du président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA et la nomination dans la foulée du Dr Choguel Kokala MAIGA au poste de Premier ministre, Chef du gouvernement a donné lieu, dans le reniement et la duplicité, à un seuil de flagorneries et d’hypocrisies jamais atteint depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays.
Plus qu’aux beaux vieux temps du consensus, les Maliens ont assisté, ce lundi, à travers une pluie de communiqués à une procession affligeante de louangeurs, de laudatifs, de complimenteurs à qui mieux-mieux pour prendre acte, pour féliciter, ou les deux, souhaiter plein succès (pleine réussite), pour se reconnaitre dans les actes et discours, pour exprimer leur disponibilité à œuvrer à la mise en œuvre d’un programme dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants, pour exprimer leur disponibilité à soutenir et à accompagner un processus dont on n’est ni partie prenante encore moins invité… Tous autant qu’ils sont, de droite ou de gauche, d’anciens ou de nouveaux démocrates, partisans de l’ancien régime ou anciens contestataires, politiques et sociétés civiles, veulent aller à la soupe ; tous ont fait des appels du pieds à Assi et à Choguel.
C’est quoi ces démocrates alimentaires qui se bousculent encore et toujours au portillon au mépris de la survie du pluralisme qui est l’essence même de la démocratie ? En trente ans de démocratie, ces démocrates sincères et patriotes accomplis se sont assis durablement dans le «mangement » de manière éhontée. A mesure d’épreuves, les républicains trahissent, les démocrates abdiquent et les patriotes se compromettent. Belle chronique d’une mise à mort du pluralisme par les démocrates alimentaires, sic !
Par son refus de s’opposer, l’élite politique malienne ressemble malheureusement à une girouette sans conviction et sans aucune crédibilité (thiou-thia), ou à un caméléon qui change de veste pardon de couleur au gré des circonstances ou des conjectures, pour ne pas simplement dira ou une fille de joie qui se dénude pour se vautrer dans le lit de tous ceux font des offres. Et tant pis pour la démocratie. Démocratie comme système d’organisation qui reconnaît et accepte la diversité des courants d’opinion, de leurs représentants et des partis politiques. Il est l’un des fondements de la démocratie. Et pluralisme qui sous-entend liberté d’opinion et d’expression ainsi que reconnaissance des partis politiques.
Mais leurs crises d’estomac les empêchent aujourd’hui de remplir la mission d’intérêt général que leur assigne la Charte des partis politiques, « en concourant par les moyens pacifiques et démocratiques à la formation de la volonté politique, ainsi qu’à l’éducation civique des citoyens et des dirigeants ayant naturellement vocation à assumer des responsabilités publiques » (préambule).
Ne vous fatiguez pas, ils ont tous oublié que les partis et regroupements politiques ne sont pas des ententes « touloutiques » ou entités mafieuses, mais «des organisations de citoyens unis par un idéal, prenant la forme d’un projet de société, pour la réalisation duquel ils participent à la vie politique par des voies démocratiques » (article 2 de la Charte des partis ».
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin