La junte militaire malienne a lancé samedi deux jours de consultations nationales, censées mener à la tenue d’élections, alors que se tient dimanche un sommet de la Cédéao, au Ghana, au cours duquel de nouvelles sanctions pourraient être annoncées.
Une première étape vers le retour à un gouvernement civil au Mali ? La junte militaire au pouvoir a lancé, samedi 11 décembre, des consultations nationales, présentées par les autorités comme un moment crucial de la transition censée mener à la tenue d’élection.
Ces Assises nationales de la refondation se sont ouvertes au niveau local, à Ségou (centre) par exemple, a-t-on appris auprès du maire Nouhoum Diarra.
Elles doivent durer deux jours dans les communes dites “de l’intérieur”, c’est-à-dire en dehors de Bamako, a déclaré à l’AFP Diarra Raky Talla, un vice-président du Conseil national de la transition (CNT), qui tient lieu d’organe législatif.
Les Assises des différentes communes de Bamako sont programmées pour deux jours à partir du 22 décembre. Le processus sera parachevé du 27 au 30 décembre par des assises nationales.
Ces consultations sont supposées accoucher de recommandations en vue de réformes destinées à remédier aux maux du pays pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012. Mais des groupes armés signataires d’un important accord de paix au Mali ont dénoncé vendredi leur “exclusion” des assises nationales.
Des consultations contestées
L’organisation “unilatérale par le gouvernement a exclu les mouvements signataires” de l’accord dit d’Alger, affirme un communiqué du Cadre stratégique permanent (CSP), une structure regroupant la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rebelles), la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger (communément appelée Plateforme, loyalistes) et la Coordination des mouvements de l’inclusivité (CMI) formée aussi d’ex-rebelles.
“Le CSP remarque également l’exclusion et la non prise en compte d’importants acteurs de la vie politique malienne”, annonce le communiqué.
L’accord d’Alger, signé en 2015 par une alliance de groupes rebelles touareg et nationalistes arabes, par des groupes armés pro-gouvernementaux et par le gouvernement malien, est considéré comme crucial pour stabiliser le pays sahélien.
Menace de nouvelles sanctions
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Les consultations nationales s’ouvrent la veille d’un sommet de la Communauté des États ouest-africains (Cédéao). La Cédéao, qui a suspendu le Mali de ses organes de décision et qui a infligé des sanctions individuelles aux membres des autorités de transition ainsi qu’à leurs entourages, doit à nouveau examiner la situation politique du pays. Elle a brandi lors d’un précédent sommet la menace de sanctions supplémentaires en l’absence de calendrier électoral.
Le Mali a été le théâtre de deux coups d’État militaires en moins d’un an en août 2020 et mai 2021. Les militaires s’étaient engagés sous la pression de la Cédéao, médiatrice, et d’une partie de la communauté internationale, à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielle et législatives programmées en février 2022.
Mais les autorités ont finalement notifié à la Cédéao être dans l’incapacité de respecter le calendrier convenu.
Le Premier ministre installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga, insiste sur la tenue préalable des Assises. Le gouvernement invoque l’insécurité persistante dans ce pays pauvre et enclavé, livré depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, et aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions.
Avec AFP
Source: france24