L’armée malienne dément l’attaque du village de Guelledjé. Le gouvernement de la junte au pouvoir depuis 2020 affirme avoir rétabli la sécurité dans le pays.
Au moins 13 civils ont été tués, dimanche, dans le centre du Mali par des soldats et des « militaires blancs », ont affirmé, lundi 31 octobre, à l’AFP des élus locaux et un responsable d’une association communautaire. Une information cependant démentie par une source militaire malienne.
La France, les Occidentaux et les Etats-Unis accusent la junte malienne de s’être adjoint les services de la société de sécurité russe Wagner, aux agissements décriés. Les autorités maliennes démentent et parlent de coopération avec l’armée russe au nom d’une relation ancienne d’Etat à Etat.
« Dimanche à Guelledjé, dans le cercle de Tenenkou (centre), les militaires maliens sont venus en force avec des militaires blancs. Il y a eu des coups de feu et des arrestations. On a compté au moins 13 morts », a déclaré à l’AFP un élu local sous couvert de l’anonymat. L’information a été confirmée par un autre élu local, également sous couvert de l’anonymat. Parmi les personnes tuées, « il y a une femme, sa fille et sa petite-fille », a précisé cette source.
Un habitant de Guelledjé a de son côté indiqué que « le village a été attaqué parce que l’armée et les militaires blancs de Wagner considèrent que c’est une localité de djihadistes ». Un responsable de l’association Tabital Pulakuu, un collectif pour la promotion de la culture des Peuls, l’une des ethnies maliennes, a affirmé à l’AFP que ce sont « plus de 20 civils qui ont été tués et arrêtés dimanche à Guelledjé », des membres selon lui de cette communauté. « On fait trop d’amalgames. Tous les Peuls ne sont pas des djihadistes. Ceux qui ont été tués sont des civils innocents », a-t-il ajouté.
Débandade
Ces informations ont été réfutées par une source militaire malienne. « Nous rejetons catégoriquement ces accusations », a indiqué à l’AFP cette source.
Le Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012 dans le nord du pays.
La sous-secrétaire d’Etat américaine, Victoria Nuland, de retour du Sahel, a déclaré le 26 octobre que la sécurité s’était considérablement détériorée au Mali depuis que la junte a fait appel, selon les Etats-Unis et leurs alliés, aux mercenaires de Wagner en 2021.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 au Mali se sont détournés depuis un an de l’allié français et de ses partenaires, et tournés vers la Russie. Le gouvernement affirme avoir inversé la tendance sécuritaire et avoir mis en débandade les groupes djihadistes.
L’armée malienne est de longue date accusée d’exactions, y compris par la mission de l’ONU déployée dans le pays. Les autorités assurent au contraire veiller au respect des droits humains et diligenter des enquêtes s’il y a lieu, mais les résultats de celles-ci ne sont presque jamais rendus publics.