Les enfants du Mali sont les plus durement touchés par l’aggravation de la crise dans le nord et le centre du pays, a déclaré aujourd’hui Save the Children. Quelques 90 000 enfants et leurs familles ont dû fuir leurs foyers ces derniers temps à cause de la violence entre les communautés et la reprise des combats au niveau des frontières du Liptako Gourma (Burkina Faso, Niger).
Selon les dernières données disponibles, le Mali compte près de 200 000[1] personnes déplacées, dont 105 000 enfants. Les populations fuient les zones de conflit vers des villes considérées comme plus sûres.
Le Mali continue de faire face aux conséquences désastreuses de l’aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire. Le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire au Mali est passé de 3,2 millions en janvier à 3,9 millions fin août 2019, soit un cinquième de la population. Il est estimé à plus de 300 000, le nombre d’enfants qui n’ont pas accès à l’éducation, 1051 écoles[2]ont dû fermer leurs portes à cause de la violence.
Les régions de Menaka, Mopti et Kidal ont les taux les plus élevés d’enfants déplacés non scolarisés.
« Avec mes parents, nous avons été témoins de beaucoup d’attaques. Par peur, nous avons décidé de quitter notre village. Nous nous sommes installés ailleurs et avons été obligés encore, au bout d’une année, de nous en aller à cause de l’insécurité »
«Je vis ici avec mon père, ma mère et mes 8 frères et sœurs. Après une année sans aller à l’école, j’ai pu y retourner. Je me réveille tous les jours à 4 heures du matin et marche 8 kilomètres. Ce n’est pas du tout facile, mais j’ai les encouragements de mon père. Trois de mes frères et sœurs âgés de 7, 9 et 11 ans ne vont toujours pas à l’école parce que l’école est trop loin de là où nous habitons. Je pense qu’un jour, nous pourrons retourner dans notre village. Ce ne sera pas facile pour que la guerre prenne fin, mais rien n’est impossible. »Fanta*, âgée de 17 ans, région de Mopti.
Il est estimé qu’environ 190 000 enfants[3] de moins de 5 ans souffriraient de malnutrition aiguë d’ici la fin de l’année. Les régions de Mopti et de Gao ont respectivement des taux de malnutrition aiguë sévère de 9% à 14%[4].
« Il est d’une importance vitale que les communautés dans le besoin puissent bénéficier de services tels que la santé et l’éducation »a déclaré Amavi Akpamagbo, Directeur National de Save the Children au Mali.
«Pour les organisations humanitaires, il devient de plus en plus difficile d’accéder aux zones du centre et du nord du Mali,c’est un défi quotidien »
« Les populations d’accueil sont confrontées à des conditions de vie difficiles car elles vont au-delà de leurs capacités pour aider les nouvelles familles qui arrivent chaque jour »
« L’accès des enfants aux services sociaux de base comme l’éducation et la santé doit être une priorité pour tous au Mali.Il est incompréhensible que plus de 300 000 enfants soient privés de leur droit à l’éducation, que des millions aient besoin d’aide, que 100 000 enfants aient dû fuir leur foyer »
« Nous ne pouvons pas compromettre l’avenir des enfants qui vivent au Mali, mais c’est exactement ce qui se passe à cause de la violence et du manque de recours. On estime à environ 324 millions de dollars US les fonds nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents, seulement 49%[5] sont financés à ce jour. C’est un moment critique pour les enfants au Mali, nous ne pouvons pas les laisser tomber », conclut Mr Akpamagbo.
Pour répondre aux besoins des enfants du Mali et de leurs familles, Save the Children appelle les gouvernements à protéger les civils pendant les opérations militaires, avec une attention particulière aux enfants. Toutes les personnes impliquées dans les combats doivent respecter les règles et les normes internationales afin de réduire l’impact de la violence sur les enfants et leurs familles et de s’assurer que les organisations humanitaires ont un accès sûr aux personnes qui sont dans le besoin.
Source: Save the children