Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Au Malawi, la chasse aux albinos doit cesser

Amnesty dénonce dans un rapport le manque de protection de cette minorité dont les organes font l’objet d’un trafic.

enfant albinos maladie peau couleur blanche

«Nous ne sommes pas des animaux que l’on chasse ou que l’on vend.» Le titre du dernier rapport d’Amnesty International sur la condition des quelque 7000 à 10 000 albinos qui vivent au Malawi (16,5 millions d’habitants) fait froid dans le dos. Cette population qui souffre de dépigmentation de la peau, des cheveux et des yeux est en effet en grand danger. Au point que l’experte indépendante de l’ONU Ikponwosa Ero, nommée l’an dernier, estime qu’à terme, ce groupe est «menacé d’extinction». «Cette situation est le fruit d’un mélange de pauvreté, de croyances en la sorcellerie et d’appât du gain qui pousse au crime», estime l’experte de l’ONU. Au seul mois d’avril, quatre personnes, dont un bébé, ont été tuées au Malawi pour alimenter un trafic macabre d’organes et d’os.

600 dollars pour un organe

«Des gens me disent en face qu’ils vont me vendre. Une fois, quelqu’un m’a dit que je valais 6 millions de kwacha (10 000 francs)», témoigne un homme de 37 ans, cité par Amnesty. Des sorciers et guérisseurs traditionnels sont prêts à payer 600 dollars pour un organe d’albinos, qui sert aux rituels ou à la confection de filtres magiques. Les femmes albinos sont aussi appelées «machilitso», ce qui veut dire «remède». De quoi alimenter la croyance obscurantiste selon laquelle avoir des relations sexuelles avec elles guérit du sida.

L’assassinat de Whitney Chilumpha, une fillette de 2 ans, enlevée le 3 avril, alors qu’elle dormait aux côtés de sa mère dans le village de Chiziya, a révolté la directrice adjointe d’Amnesty pour l’Afrique australe. «Ce meurtre odieux doit pousser les autorités du Malawi à agir rapidement. Elles doivent traduire en justice les auteurs de ce crime et protéger efficacement toutes les personnes atteintes d’albinisme», s’insurge-t-elle. Le père de l’enfant et un autre homme ont été placés en garde à vue dans cette affaire.

“Pas pris au sérieux”

Selon Amnesty, 45 actes de violences visant les seuls albinos, dont des enlèvements, des mutilations et des profanations de tombes, ont été recensés dans le pays en 2015. Le rapport d’Amnesty met en cause le manque de formation des policiers sur cette criminalité qui n’est «pas assez prise au sérieux», selon l’ONG.

Des allégations qui sont démenties par le Ministère de l’information, qui affirme que le gouvernement «fait son possible pour protéger cette communauté». Au printemps 2015, le chef de la police, Lexen Kachama, avait autorisé ses hommes à tirer sur les ravisseurs d’albinos. Néanmoins, Bonface Massah, qui dirige une association d’albinos au Malawi, jugeait «positif» l’impact de ce rapport.

Ce petit pays est devenu depuis dix-huit mois le nouveau terrain de «chasse» de tueurs qui sévissaient en Tanzanie, au Kenya et au Burundi. En Tanzanie, le gouvernement a officiellement interdit la sorcellerie l’an dernier afin d’éradiquer la traque aux albinos. En outre, 200 sorciers ont été arrêtés et la moitié a été déferrée devant la justice.

Au Malawi, comme dans d’autres pays d’Afrique australe, les albinos font en outre l’objet de nombreuses discriminations au sein de la société. A la terreur s’ajoutent de grosses difficultés à s’insérer au quotidien dans leur société. (24 heures)

(Créé: 09.06.2016, 11h46)

 

Source: 24heures

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance