Le pape François est arrivé au Kazakhstan, mardi 13 septembre, pour une visite de trois jours sur une « terre aussi vaste qu’ancienne », selon ses mots. En fait d’ancienneté, Astana, capitale depuis 1997, rebaptisée Noursoultan en 2019, en hommage à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé pendant vingt-huit ans le pays, indépendant depuis 1991, offre au visiteur les mille reflets de ses récents édifices de prestige. Posés au milieu de la steppe, ils témoignent de l’opulence tirée des revenus des matières premières de cet immense pays, hydrocarbures en tête.
Le chef de l’Eglise catholique, en chaise roulante, a été accueilli par le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, dans la monumentale salle d’apparat du palais présidentiel, avec ses trente-huit colonnes de faux marbre et illuminée par trois gigantesques lustres de cristal. Un orchestre militaire avec chorale y a fait retentir des hymnes nationaux tonitruants. Le pontife argentin s’est ensuite adressé aux autorités politiques et diplomatiques réunies au Kazakhstan Central Concert Hall.
« Carrefour d’importants nœuds géopolitiques »
Le pape François a rendu hommage au « laboratoire multiethnique, multiculturel et multireligieux unique » du Kazakhstan et n’a pas manqué de rappeler « les camps d’emprisonnement et les déportations de masse qui ont vu, dans les villes et dans les steppes infinies de ces régions, l’oppression de tant de populations ». Puis, dans ce « carrefour d’importants nœuds géopolitiques », il a lancé un fort appel à sortir de la logique des « blocs » alors que se poursuit « la folle et tragique guerre causée par l’invasion de l’Ukraine ». Une fois encore, à ce sujet, le pape a évité de prononcer le mot « Russie ».
« Vous venez à un moment critique de l’histoire humaine, lui avait dit en préambule le président Tokaïev, dont le pays tente de trouver sa place entre la Russie, la Chine et l’Asie du Sud. La famille des nations balance au bord d’un abîme au moment où les tensions géopolitiques s’accentuent, où l’économie globale souffre, où la proliférante intolérance religieuse et ethnique devient la règle. »
Tandis que, sur le terrain, l’armée ukrainienne a lancé une contre-offensive, le pape a souhaité que les gouvernements des pays impliqués sachent susciter un « nouvel esprit d’Helsinki », référence à la capitale finlandaise où, en 1975, pendant la guerre froide, les pays occidentaux et ceux du bloc de l’Est se mirent d’accord sur une déclaration dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe. Parmi les principes que les signataires s’engageaient à respecter figuraient la souveraineté et l’intégrité du territoire des Etats, l’inviolabilité de leurs frontières, le règlement pacifique des différends et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Il vous reste 47.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde