Pour le malien lambda, Ibrahim Boubacar Keïta, Président démocratiquement élu à près de 80% des voix, n’a pas assez de défaut. Mais force est de croire qu’en ces temps-ci, toutes les observations démontrent qu’il aime particulièrement arriver en retard lors des cérémonies dont l’honneur lui revient de présider. Toute chose qui paraît bien curieuse quand on sait que c’est lui IBK qui promettait récemment le changement, donc la rupture avec les mauvaises habitudes. Hélas !
Les états généraux de la décentralisation, les assises nationales sur les régions du nord et la rentrée judiciaire des Cours et Tribunaux sont trois évènements majeurs qui viennent de se dérouler dans notre pays. A toutes ces occasions, le chronogramme des activités, arrêté par les différentes commissions d’organisation, n’ont jamais été respectés par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. En effet, ceux qui ont pris part à ces grands rendez-vous ont pu être témoins que le chef de l’Etat, telle une vielle dame, prend son temps et arrive généralement avec une heure de retard. En effet il est important de savoir que le respect de l’emploi du temps est utile lorsqu’il s’agit d’évaluer le prestige et la crédibilité d’un chef. S’il est vrai que le poisson commence à pourrir par la tête, l’on comprend aisément que la culture du retard a encore de beaux jours devant lui dans notre pays. Et dire que c’est le même IBK qui, à la faveur de la campagne présidentielle, promettait de moderniser l’Administration malienne en s’attaquant aux mauvaises pratiques qui la gangrènent, c’est bien dommage.
IBK fait poiroter les magistrats
Il est de notoriété publique que la cérémonie solennelle de la rentrée des Cours et Tribunaux commence habituellement tôt. En effet, lors de la dernière rentrée judiciaire qui devrait commencer à 10 heures, selon le programme initial, IBK a retardée la cérémonie d’une heure. Curieusement, personne dans la salle ne semblait surpris ou même gêné par le comportement du chef de l’Etat qui est passé champion en la matière depuis qu’il occupait la Primature.
Naturellement, le non-respect de l’emploi du temps n’est pas que le seul mauvais coté de notre cher Président de la République. Au cours de ladite rencontre, le protocole du chef de l’Etat avait ordonné aux forces de sécurité des consignes de fermer les portes d’entrée. En effet, toute personne qui sortait de la salle avant la fin de la cérémonie se voyait refuser l’accès. Comme si le chef de l’Etat avait oublié que les gens ont des besoins naturels à faire ? Se voyant prisonniers à leur propre cérémonie, certains magistrats ont préféré bouder la salle.
Comme si cela ne suffisait pas, le Président du Conseil supérieur de la magistrature, Ibrahim Boubacar Keïta, lors de cette rencontre à tapé du poing sur la table pour attirer l’attention de la Cour ’’qu’il y avait trop de bruit’’. «Je vous rappelle que c’est une cérémonie solennel », a-t-il rappelé à l’ordre. En réalité, pour les magistrats, l’on se croyait au milieu d’un véritable film hollywoodien. A la fin de ladite rencontre, les participants ayant résisté à la fraîcheur de la climatisation faisaient la queue devant les toilettes.
Par ailleurs, l’on se rappelle aussi que le Général quatre étoiles, Amadou Haya Sanogo, devrait être entendu par le juge Yaya Karambé. Et c’est justement au sortir de la rentrée solennelle des cours et tribunaux que le public a appris à travers les médias la décision de protéger et de renforcer le statut de Sanogo. Ce qui va encore rendre la tâche plus difficile aux magistrats d’assurer leur mission. Cette situation peut être interprétée comme inopportun et un pied de nez à l’appareil judiciaire. Paradoxalement, lors de la cérémonie solennelle de la rentrée judiciaire, IBK s’exprimait en ces termes : «C’est la justice qui permet de réguler les rapports sociaux». S’il reste dans cette dynamique, le Président de la République battra tous les records d’impopularité au Mali.
Source: Le Prétoire