Sergueï Lavrov n’est resté dans la salle que le temps de prononcer une virulente diatribe contre « l’Etat totalitaire nazi », qui serait selon lui en place en Ukraine. Il n’empêche, le ministre des affaires étrangères russe s’est retrouvé isolé comme jamais, jeudi 22 septembre, à New York, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, qui restera comme le temps fort de la 77e Assemblée générale des Nations unies, Chine et Inde plaidant pour mettre un terme aux hostilités, deux jours après la mobilisation « partielle » décrétée par le président russe, Vladimir Poutine.
En principe, la séance devait être consacrée à « la lutte contre l’impunité » des crimes dont sont accusées les forces russes engagées en Ukraine. Un sujet douloureux, une semaine après la découverte d’une fosse commune et des nouvelles atrocités commises contre les civils dans la ville d’Izioum, tout juste libérée de la férule russe. « Il n’y a pas de paix sans justice », a asséné la ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna, qui présidait les débats. Au moment où Vladimir Poutine joue l’escalade dans l’espoir de reprendre la main face aux succès de la contre-offensive ukrainienne, le rendez-vous a mis en lumière l’isolement croissant du chef du Kremlin.
« Toute annexion de territoires appartenant à un Etat par un autre Etat résultant de la menace ou de l’usage de la force constitue une violation de la charte des Nations unies et du droit international », a d’abord rappelé Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, alors que quatre régions ukrainiennes occupées s’apprêtent à voter, dans les prochains jours, sur leur rattachement à la Russie. Pour lui, les menaces de conflit nucléaire proférées par Vladimir Poutine, mardi, sont de surcroît « absolument inacceptables ».
Envoi d’enquêteurs et de médecins français à Izioum
Les membres du Conseil de sécurité ont ensuite profité du moment pour dire leurs quatre vérités à l’émissaire du président russe, même si Sergueï Lavrov était absent lorsque ses homologues ont pris la parole. « Que le président Poutine ait choisi cette semaine, alors que la plupart des dirigeants de ce monde se réunissent à l’ONU, pour verser de l’huile sur le feu qu’il a allumé démontre son mépris total pour la charte des Nations unies », a lancé Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain. « Si la Russie arrête de combattre, la guerre cesse. Si l’Ukraine arrête de combattre, c’est la fin de l’Ukraine », a-t-il jugé, en assurant que les Etats-Unis allaient continuer à soutenir Kiev, en dépit des menaces du chef du Kremlin. « Plus la Russie connaît de revers, plus elle multiplie les agressions contre les civils, a observé M. Blinken. On ne peut pas laisser Poutine s’en sortir comme ça. »
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