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Attentats terroristes au Nord-Mali : la rançon de l’attentisme politique

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Ceux qui croyaient que les fous de Dieu étaient rayés à jamais de la carte malienne, se sont mis le doigt dans l’oeil. L’attentat-suicide meurtrier que ces derniers ont perpétré à Tombouctou est la preuve irréfutable qu’ils sont toujours présents au pays de Soundiata Keïta et ont encore une capacité de nuisance assez redoutable.

A cet attentat de Tombouctou, s’ajoute d’ailleurs un autre meurtre commis par ces islamistes sur deux civils à Kidal. Des civils qu’ils accusent de fournir des informations les concernant, aux forces militaires présentes dans la région. Les fidèles de Ben Laden dans la bande sahélo-saharienne n’avaient donc pas dit leur dernier mot, malgré l’offensive militaire lancée contre eux par la communauté internationale, des mois durant. Pour prouver qu’ils n’ont pas capitulé et qu’ils peuvent faire mal à tout moment, ces islamistes ont récemment renouvelé leurs instances dirigeantes, en plaçant à la tête de la secte criminelle Saïd Abou Moughatil qui remplace ainsi le très mythique Abou Zeïd, tué lors de l’intervention militaire.

Aussi, pour avoir perpétré cet attentat au moment même où les lampions de la 68e Assemblée générale des Nations unies se sont éteints à peine, les terroristes veulent montrer aux yeux du monde que tel un Phoenix, ils peuvent toujours renaître de leurs cendres. Pour paraphraser le célèbre poète sénégalais, Birago Diop, les djihadistes que l’on croyait morts ne sont jamais morts. Ils sont dans les rochers du massif des Ifoghas, dans le djoliba qui coule, dans le vent du sahel qui souffle, dans la forêt de Wadougou… Pour tout dire, il y a de quoi s’inquiéter pour le Mali qui se relève à peine d’une double guerre terroriste et sécessionniste.
A la vérité, il est difficile de faire la démarcation entre cet attentat-suicide et la récente sortie des groupes rebelles touaregs et arabes (MNLA, MAA, HCUA). Rappelons que les groupes armés ont récemment suspendu leur participation aux structures de mise en œuvre des accords de Ouagadougou, estimant que Bamako ne remplit pas sa part du contrat. Et si ces groupes armés qui s’estiment lésés et trahis par Bamako, se ralliaient aux islamistes comme de par le passé ? Bamako aura prêté le flanc en rusant avec des accords, censés ramener la paix au Mali. En tous les cas, le pouvoir malien a plutôt tout intérêt à avoir les groupes armés avec lui que contre lui. « Bamako doit éviter le complexe du vainqueur », titrions-nous un de nos éditoriaux. De toute évidence, IBK n’a pas su surmonter ce complexe, à en juger du moins par sa récente sortie à New-York où il tenait un langage très peu conciliateur.

Tout se passe comme si Bamako avait son propre agenda caché. Le constat est qu’après la présidentielle, le nouveau pouvoir se presse très lentement dans le traitement du dossier du Nord-Mali. C’est un attentisme politique pour le moins périlleux d’autant qu’il y a bien d’autres caps à franchir pour que le Mali retrouve toute sa sérénité. Les législatives prévues pour novembre prochain pourraient se tenir dans un climat tendu entre Bamako et les groupes armés. C’est dire donc que le plus urgent, c’est d’abord le traitement du dossier du Nord-Mali car il pourrait compromettre les projets politiques de IBK, s’il n’est pas géré avec sérieux et diligence.

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