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Attentat en Côte-d’Ivoire : pour Aqmi, «contrebalancer l’influence de l’EI»

A qui le tour ? Après Bamako, au Mali, Ouagadougou, au Burkina Faso… Voici que le terrorisme a frappé dimanche Grand-Bassam, aux portes d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. En quatre mois, l’Afrique de l’Ouest francophone a connu trois «Bataclan». Une stratégie de la terreur que décrypte Frédéric Lejeal, rédacteur en chef de la Lettre du continent, publication de référence spécialisée sur l’Afrique.

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L’attaque de la station balnéaire de Grand-Bassam, qui a fait 22 morts (dont 4 Français, 6 terroristes et 2 militaires ivoiriens), est une première dans ce pays. Comment faut-il l’interpréter ?

Depuis plusieurs mois, on savait que la Côte-d’Ivoire et le Sénégal étaient des cibles potentielles en raison surtout de leur attrait touristique. Tous les services étaient au courant. On l’oublie souvent mais, il y a un an, une gendarmerie ivoirienne avait déjà été attaquée dans le nord du pays. Et depuis l’attentat de Ouagadougou, le 15 janvier [qui s’est soldé par 30 morts devant deux hôtels de la capitale burkinabée, ndlr], la sécurité avait été renforcée également en Côte-d’Ivoire. Mais il est très difficile d’appréhender ces petits groupes très mobiles, très atomisés. Reste que je ne crois pas que cette attaque était spécifiquement antifrançaise. Bien sûr, Grand-Bassam [ancienne capitale coloniale] est un bastion d’expatriés, surtout pendant le week-end. Mais la plupart des victimes sont ivoiriennes, il ne faut pas l’oublier. L’attaque confirme d’abord la surenchère mortifère entre les groupes jihadistes dans la région.

En quoi cet attentat conforterait-il la stratégie d’un groupe particulier ?

L’attaque a vite été revendiquée par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et par Al-Mourabitoune [dirigé par l’insaisissable Mokhtar Belmokhtar, également instigateur des attaques de Bamako et Ouagadougou, qui a fait allégeance à Aqmi en décembre 2015]. Jusqu’à récemment, Aqmi s’était spécialisée dans les prises d’otages d’Occidentaux. Harcelé par les actions militaires dans le Nord-Mali dès le lancement de l’opération «Serval» en 2013, ce groupe opte depuis peu pour un autre mode opératoire. Plus violent, plus spectaculaire et qui lui permet en outre de contrebalancer l’influence de l’Etat islamique (EI) dans la région, même si l’EI se concentre pour le moment sur l’Afrique du Nord, et notamment sur la Libye. C’est une façon de frapper les esprits et de sanctuariser un territoire, l’Afrique de l’Ouest, à travers des actions violentes.

Cette attaque ne signe-t-elle pas l’échec de la stratégie militaire occidentale, et notamment des Français qui interviennent au Sahel depuis 2013 sans jamais avoir coincé Belmokhtar ?

Mokhtar Belmokhtar est vraisemblablement toujours au Nord-Mali, où il bénéficie de relais et de complicités locales. Il a réussi à déjouer toutes les tentatives pour l’éliminer, mais il ne faut pas oublier que le Nord-Mali est aussi vaste que l’Europe. Ce ne sont pas 3 500 militaires français qui peuvent couvrir tout ce territoire. Sans compter que l’opération française «Barkhane» [qui a succédé à Serval en août 2014], qui protège la région, est actuellement affaiblie. Ses équipements et ses effectifs sont en baisse, transférés vers d’autres théâtres d’opérations : la Libye et la Syrie. Mais face à ce type d’attentats, la réponse militaire est de toute façon insuffisante.

Quelles conséquences cette attaque aura-t-elle pour la Côte-d’Ivoire ?

Les forces de sécurité ivoiriennes sont dans l’ensemble efficaces et actives, elles ont d’ailleurs réagi très rapidement. Ces derniers mois, la surveillance des frontières a été renforcée, celle des imams radicaux également. Et le Président, Alassane Ouattara, prépare une grande réforme des services secrets, qui seront plus étroitement rattachés à la présidence.

Par ailleurs, cette attaque ne devrait pas avoir d’effets sur les investissements étrangers, ni sur les milieux d’affaires. C’est un pays au tissu économique solide, même si la Côte-d’Ivoire demeure fragile après dix ans de guerre civile larvée. Reste qu’on assistait à une indéniable reprise et que la fréquentation touristique va certainement baisser, alors que de grands projets étaient en cours d’achèvement. Ce genre d’attaques est toujours préjudiciable à l’image du pays, les terroristes cherchent aussi à déstabiliser l’économie.

 

Source: liberation

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